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New Delhi soupçonne les terroristes d'être basés "en dehors" de l'Inde

Durant l'assaut lancé sur l'hôtel Taj Mahal à Bombay, la police a arrêté trois hommes, dont un d'origine pakistanaise. Le Premier ministre a indirectement accusé le Pakistan, en parlant de terroristes basés "en dehors" de l'Inde.



Lors de leur assaut sur l’hôtel Taj Mahal, les services de sécurité indiens ont arrêté trois hommes, dont un ressortissant pakistanais, selon l'agence de presse indienne PTI, citant des sources officielles.

L'agence indienne affirme également que les hommes arrêtés ce soir sont membres du Lashkar-e-Taiba, un groupe armé islamiste basé au Pakistan et connu notamment pour avoir attaqué le Parlement indien en 2001.

Toujours selon PTI, le Pakistanais aurait déclaré aux enquêteurs qu’il appartenait à un groupe de douze extrémistes, et qu’il avait gagné Bombay par la mer. Il se nomme Ajmal Amir Kamal et est originaire de Faridkot, au Pakistan.

Des soupçons pèsent sur le Pakistan

Plus tôt dans l’après-midi, le Premier ministre indien Manmohan Singh a déclaré que les que les attentats du mercredi 26 novembre au soir qui ont fait au moins 125 morts et plus de 300 blessés à Bombay ont été menés par un groupe basé "en dehors" de l'Inde. Un haut responsable militaire indien, le général R. K. Hooda, a même soupçonné les assaillants d’être venus de Faridkot, au Pakistan.

Une accusation que rejette Islamabad. Le président Zardari et le Premier ministre Yousaf Raza Gilani ont fermement condamné les attentats. "Notre expérience du passé nous enseigne que l'on devrait se garder de tirer des conclusions hâtives", a mis en garde le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi.

C’est dans ce contexte que deux navires de commerce pakistanais ont été arraisonnés au large des côtes indiennes, a annoncé jeudi l'agence indienne PTI, citant des sources au ministère de l'Intérieur. Les bateaux se trouvaient au large de l'Etat indien du Gujarat, au nord de Bombay.

"C’est toujours de bonne guerre", explique Gauthier Rybinski, spécialiste de politique internationale à FRANCE 24. "Quand il se passe quelque chose de dramatique en Inde, on accuse le Pakistan, et vice-versa. On est plutôt dans une phase d’apaisement entre les deux pays. Ils ont compris que la lutte contre le terrorisme représente un intérêt commun. On ne peut pas exclure que les actions du 26 novembre aient pour cause de remettre en question ce rapprochement indo-pakistanais."

L’hôtel Taj Mahal est évacué, l’opération se poursuit au palace Oberoi

Les forces de sécurité ont pris d’assaut les hôtels de luxe Taj Mahal et Trident-Oberoi, où des terroristes avaient pris les clients en otages. Un haut responsable indien a affirmé jeudi soir que l’opération dans l'hôtel Taj Mahal était pratiquement terminée et qu'il n'y restait plus qu'un islamiste blessé. Les preneurs d’otages auraient été tués.

L’opération se poursuit en revanche au Trident-Oberoi, où un incendie s'est déclaré. Dans la journée, près de 200 personnes étaient encore bloquées dans ce palace, dont quinze à vingt-cinq Français, dix à vingt Israéliens, sept Italiens et sept membres d'équipage de South African Airways. D'après le chef de la garde nationale, deux islamistes se trouvaient toujours au 8e étage de cet hôtel. Une quarantaine de personnes ont été libérées vers 3 heures du matin, vendredi, selon la police. L’opération de ratissage des commandos indiens se poursuit.

Par ailleurs, le centre juif du Nariman House a été la cible des attaques terroristes. Un rabbin et un nombre indéterminé de personnes ont été pris en otages. Sept d'entre elles ont été libérées, affirme un responsable de la sécurité.

 
"On veut des Américains et des Britanniques"

 
Ces prises d’otage sont consécutives à une série d’attaques coordonnées dans de multiples endroits de Bombay mercredi soir. A proximité de la gare centrale, des hôpitaux et des hôtels de luxe de Bombay, des terroristes ont tiré sur la foule avec des armes automatiques et jeté des grenades avant de prendre d’assaut les hôtels Taj Mahal et le Trident-Oberoi.

 
Parmi les morts se trouvent trois importants officiers de la police indienne, notamment le chef de la brigade anti-terroriste, Hemant Karkare. Les morts d'un Britannique, d'un Allemand, d'un Italien et d'un Japonais ont été confirmées par leur gouvernement ou leur employeur. Plusieurs dizaines d'étrangers étaient toujours retenus jeudi dans des hôtels de Bombay.

"On veut des otages américains et britanniques", ont hurlé les ravisseurs aux clients des deux hôtels de luxe pris d’assaut. "Certains Britanniques, qui ont réussi à s’enfuir, ont affirmé que les preneurs d’otages séparaient les clients en fonction de leur nationalité et qu’ils emmenaient les Anglais et Américains dans d’autres parties de l’hôtel", confirme Phil Hazlewood, correspondant de l’AFP.

Un groupuscule terroriste méconnu

 
Les Moudjahidines du Deccan ont revendiqué les attentats par un email, rédigé dans un mélange d'Hindi et d’Ourdou, envoyé à plusieurs journaux. Ce groupe terroriste était jusqu’alors méconnu.


"En revanche, on connaît le mouvement des Moudjahidines de l’Inde, un mouvement islamiste extrémiste", explique Jean-Bernard Cadier, spécialiste des relations internationales à FRANCE 24. Ce groupe avait déjà revendiqué plusieurs attaques ces dernières années en Inde, notamment les attentats perpétrés à Bombay en 2006, où 190 personnes avaient été tuées.