Un djihadiste français, qui a combattu en Syrie, a été arrêté samedi soir à Berlin, à sa descente de l’avion. Les messages qu’il postait sur Internet ont permis aux polices françaises et allemandes de préparer son arrestation.
Tewffik Bouallag, un Français de 30 ans parti combattre au sein de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) en Syrie, avait l’habitude de poster des photos de lui sur les réseaux sociaux. Posant avec une Kalachnikov ou exposant ses blessures sur Internet, il faisait ainsi la promotion du djihad comme de lui-même. Une "habitude" qui a facilité son arrestation.
Originaire de Dreux, il a été arrêté samedi 14 juin à Berlin, à la descente d'un vol en provenance d’Istanbul. Identifié par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) comme "dangereux et susceptible d'agir sur le sol français", il faisait l'objet, depuis vendredi, d'un mandat d'arrêt international délivré par la justice française pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes".
Avant même l’arrivée de l’homme à Berlin, les polices allemande et française se tenaient en alerte, d’autant que Tewffik Bouallag venait directement d’Istanbul, lieu de passage habituel pour les djihadistes européens qui partent ou reviennent de Syrie. Il n’avait pas pris les mêmes précautions que Mehdi Nemmouche, qui était passé par l’Asie avant de rentrer en Europe, pour brouiller les pistes.
Et "Touf Touf le Ouf" - son pseudonyme en ligne – était loin de se montrer discret : il se montrait, comme nombre de djihadistes européens, très actif sur Internet. Cette "cyber-présence" a largement facilité l’action des forces de police. Dans l’un de ses derniers messages sur les réseaux sociaux, le djihadiste français avait en effet indiqué qu’il s’apprêtait à rentrer en France.
Leçons de l’affaire Nemmouche
D'après des sources au sein de la police allemande citées par le quotidien "Frankfurter Allgemeine Zeitung" (FAZ), l'homme est considéré comme un "gros poisson". Mais selon des informations révélées par le journal "Le Monde", le djihadiste n’était connu de la police française que pour des délits de droit commun. Il aurait le profil d’un "islamo-délinquant qui a trouvé un nouveau but dans sa vie", affirme une source au journal français.
Échaudées par l’affaire Nemmouche, les polices française et allemande se sont montrées plus efficaces cette fois-ci, estime le quotidien allemand dans son édition du lundi 16 juin. Mehdi Nemmouche, l’auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles, n’avait pas pu être arrêté à son arrivée à Francfort, bien que son signalement ait été transmis par la police française, parce qu’il n’existait aucun mandat d’arrêt contre lui.
Pour Tewffik Bouallag, la réaction a été beaucoup plus rapide. Dès que les Allemands ont su que l’homme surveillé par la DGSI devait atterrir à Berlin, ils en ont informé les autorités françaises qui ont émis un mandat d’arrêt la veille de son arrivée en Allemagne, raconte le FAZ. Tewffik Bouallag a donc été arrêté et placé en garde à vue dès sa descente de l’avion.
Depuis samedi, le djihadiste français est en garde à vue en Allemagne. Il devrait être remis à la police française d’ici quelques jours, s’il accepte d’être extradé. S’il refuse, la procédure prendra un peu plus de temps.
Avec AFP