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Paris et Berlin vent debout contre les milliards que Washington offre à Boeing

Estimant qu’il s’agit de concurrence déloyale vis-à-vis d'Airbus, la France et l’Allemagne ont exhorté, lundi 16 juin, le gouvernement américain à cesser de subventionner l’avionneur Boeing au détriment de l'européen Airbus.

La générosité de Washington envers Boeing fait grincer des dents en Europe. Le ministre français de l'Économie, Arnaud Montebourg, et son homologue allemand, Sigmar Gabriel, ont, lundi 16 juin, demandé d’une même voix aux États-Unis d’arrêter d’injecter des milliards afin d'aider l'avionneur américain. "Les deux gouvernements lancent un appel aux États-Unis pour qu'ils s'engagent dans une compétition loyale et juste et non dans une compétition financée avec des milliards de dollars de subventions", a déclaré Sigmar Gabriel aux côtés d’Arnaud Montebourg. Selon la presse outre-Atlantique, le groupe américain aurait reçu plus de 13 milliards de dollars de subventions publiques ces dernières années.

Les deux ministres ont profité d’une visite du site d’Airbus à Toulouse pour tenter de défendre les fleurons industriels européens et notamment l’avionneur français, dont l'annulation d'une commande de 70 A350 passée par la compagnie Emirates pèse lourd. D’ailleurs, Arnaud Montebourg a tenu à saluer l’annonce du rapprochement entre Airbus Group et Safran. Ces derniers ont annoncé, lundi, la création d'ici fin 2014 d'une co-entreprise dans le domaine des lanceurs pour les fusées Ariane. "Cette annonce montre que l'Union européenne n'est pas immobile mais s'organise afin d'avoir des réponses industrielles et économiques communes à ce que font les autres continents", a-t-il défendu, en référence directe aux pratiques commerciales de Washington.

L'alliance entre #safran et #airbus permet de répondre aux défis de compétitivité de la filière des lanceurs spatiaux #Toulouse

— Arnaud Montebourg (@montebourg) 16 Juin 2014


L’UE et sa “vision idéologique” de la concurrence

Mais le ministre français ne s’en est pas pris qu’au gouvernement américain. Il a affirmé que Bruxelles constituait également un frein au développement de son propre secteur industriel : "Si nous voulions aujourd'hui créer un Airbus, la Commission européenne, dans sa vision très idéologique de la concurrence, nous en empêcherait", a-t-il déclaré. "C'est un obstacle à la constitution de nouveaux champions industriels européens et plurinationaux. C'est une leçon à méditer pour la nouvelle Commission européenne", a-t-il estimé.

D’après les deux ministres, il est en effet vital pour l’Europe de retrouver une meilleure compétitivité, il en va de la santé économique de l’UE. "L'Europe doit maintenant se bouger et évoluer rapidement pour organiser la sortie de crise", a déclaré Arnaud Montebourg, soulignant que l'UE "est restée la lanterne rouge de la croissance dans le monde entier". "Il y a donc un problème de choix et de direction politiques à la tête de l'UE", a-t-il encore ajouté.

Avec Sigmar Gabriel, nous portons en commun le souhait d'un agenda de la croissance pour l'Europe pour rattraper notre retard.

— Arnaud Montebourg (@montebourg) 16 Juin 2014

Les déclarations d'Arnaud Montebourg interviennent alors que le groupe allemand Siemens doit en principe bientôt dévoiler ses intentions à l'égard du français Alstom. En début d'année, le président François Hollande avait émis le souhait de créer un "Airbus de l'énergie" en Europe.

Avec AFP et Reuters