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La Russie coupe le gaz à l’Ukraine, l’Europe craint la pénurie

Moscou a cessé d'approvisionner l'Ukraine en gaz, lundi, faute d’un accord sur le paiement de la dette gazière. Kiev assure qu’il n’y aura pas de répercussions sur l'Europe, livrée en gaz via l'Ukraine, mais Bruxelles s’inquiète.

"Rien n'a été payé, donc rien ne sera livré". Malgré plusieurs jours d’intenses négociations et un ultimatum maintes fois repoussé, Moscou et Kiev ne sont pas parvenus à s’entendre sur l’épineuse question du gaz. Sergueï Kouprianov, le porte-parole de Gazprom a donc annoncé, lundi 16 juin, que la compagnie russe mettait ses menaces à exécution en coupant le gaz à l’Ukraine qui n’a pas réglé sa dette gazière d’un montant total de 4,5 milliards de dollars. Le ministre ukrainien de l’énergie, Iouri Prodan, a rapidement confirmé que la Russie avait totalement interrompu ses livraisons de gaz.

Désormais, Naftogaz - l'opérateur public ukrainien en charge du transport gazier - ne recevra du gaz qu’à hauteur de ce qu’elle aura payé. "Gazprom, en vertu du contrat en vigueur, a passé Naftogaz à un système de prépaiement pour les livraisons de gaz", a indiqué le groupe dans un communiqué. Le géant russe a également annoncé, dans la foulée, avoir saisi la cour d'arbitrage internationale de Stockholm, répliquant ainsi à la menace de procédure de Kiev concernant le prix du gaz en vigueur.

Moscou dénonce "l’arrogance" de Kiev

Depuis la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovitch et l’arrivée fin février d’un gouvernement de pro-occidentaux à Kiev, Moscou a drastiquement augmenté ses tarifs. Les 1 000 mètres cubes de gaz sont ainsi passés de 268 à 485 dollars, un prix sans équivalent en Europe. La dernière offre de la Russie - 385 dollars - a été rejetée par l’Ukraine dimanche, ce qui lui a valu d’être taxée d’"arrogante" par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui estime que Kiev, poussé par l’ingérence d’un "État tiers", "rejette un compromis raisonnable".

Alors que des premiers contacts entre le président russe Vladimir Poutine et le nouveau chef de l'État ukrainien Petro Porochenko laissaient entrevoir un apaisement des relations entre les deux pays, l’echec des négociations crispe à nouveau la situation diplomatique. D’autant que la coupure du gaz en Ukraine risque non seulement d’aggraver les tensions dans l’est du pays en proie à l'insurrection des séparatistes pro-russes, mais elle pourrait aussi affecter directement le reste de l’Europe.

Pénurie de gaz en Europe cet hiver ?

En effet, environ 15 % du gaz consommé sur le Vieux continent est acheminé via le territoire ukrainien. Si Kiev décide de prélever du gaz sur les volumes en transit, l’Europe pourraient donc bien en subir les conséquences. Gazprom a d’ailleurs averti la Commission européenne de "possibles perturbations" de son approvisionnement mais rappelle tout de même que Naftogaz "est obligé de garantir le transit" vers l'Europe dans les volumes prévus, en vertu du contrat en vigueur.

Le ministre ukrainien de l’Énergie, Iouri Prodan, a promis que le transit gazier vers l'Europe allait se poursuivre. Mais ces déclarations n’ont pas forcément convaincu Bruxelles où le commissaire européen à l'Énergie a averti qu’un risque de pénurie de gaz cet hiver planait sur l’Europe. Une inquiétude qui semble fondée puisque lors des précédentes "guerres du gaz" entre Moscou et Kiev en 2006 et 2009, l’approvisionnement de l’UE avait été perturbé.

Avec AFP et Reuters

Tags: Ukraine, Russie, Gaz,