L’avancée des insurgés sunnites a été ralentie, samedi, par une contre-offensive des troupes gouvernementales. Les États-Unis ont dépêché un porte-avion dans le Golfe, et demandent aux Irakiens de former un gouvernement d’union nationale.
La rapide progression des rebelles sunnites en direction de Bagdad semblait être ralentie, sinon contenue, samedi 14 juin, par une contre-offensive des troupes gouvernementales irakiennes, qui déclarent avoir regagné du terrain.
L'armée irakienne affirme en effet avoir réussi à contenir les djihadistes avec le soutien de la milice chiite Assaïb Ahl al-Haq (la Ligue des Vertueux) et à reprendre la ville de Moukdadiya, au nord-est de Bagdad. Les insurgés auraient également été délogés de Dhoulouiya après trois heures de combats impliquant des habitants, des policiers et des membres de milices tribales.
Des appareils de l'aviation irakienne ont en outre mené un raid contre un rassemblement de la direction du parti Baas (sunnite) de l'ancien président Saddam Hussein dans la province de Diyala. Cinquante personnes, dont le fils d'Ezzat Ibrahim al-Douri, autrefois membre du cercle dirigeant irakien, auraient été tuées lors de cette opération, a affirmé un porte-parole du service de l'anti-terrorisme.
"Pour l'EIIL, c'est le début de la fin"
En visite à Samarra, le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki a annoncé aux officiers de l'armée irakienne, stationnés dans cette ville, qu'ils allaient recevoir le renfort de "volontaires" et les a assurés de la victoire face aux insurgés de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL).
"Samarra ne sera pas la dernière ligne de défense mais un point de ralliement et une rampe de lancement" pour la contre-attaque, a déclaré, vendredi, Nouri al-Maliki, dont les propos ont été diffusés samedi par la télévision irakienne.
Située à une centaine de kilomètres au nord de Bagdad, Samarra est un verrou clé sur la route qui relie Mossoul, conquise en début de semaine par les djihadistes de l'EIIL, à la capitale irakienne.
"Dans les prochaines heures, tous les volontaires arriveront pour soutenir les forces de sécurité dans la guerre contre les bandes de l'EIIL. Pour eux, c'est le début de la
fin", a affirmé le Premier ministre.
John Kerry demande un gouvernement d'union nationale
Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, a ordonné samedi l'envoi d'un porte-avions dans le Golfe, au cas où une intervention militaire serait nécessaire en Irak. Le porte-avions George H.W. Bush, qui se trouve actuellement dans le nord de la mer d'Oman, sera accompagné par un croiseur lance-missile et un destroyer Truxtun, a-t-il précisé.
Par ailleurs, le secrétaire d’État américain John Kerry a discuté, samedi, par téléphone avec son homologue irakien Hochiar Zebari pour lui affirmer que les États-Unis souhaitaient que les dirigeants du pays surmontent leurs divergences, et forgent une union nationale, faute de quoi une éventuelle intervention américaine n'aurait pas d'efficacité. John Kerry a également prié l'Irak de ratifier sans délai le résultat des dernières élections et de former un nouveau gouvernement.
Le principal dignitaire chiite irakien, le grand ayatollah Ali Sistani, a exhorté vendredi la population à prendre les armes pour se défendre face à l'avancée des djihadistes sunnites vers Bagdad. À Bassorah, principale ville chiite du sud, des centaines d’hommes se sont portés volontaires et se sont vus remettre des armes. Ils devraient être bientôt envoyés dans le nord du pays.
L'Iran et les Etats-Unis, qui soutiennent tous deux le chef du gouvernement chiite, se sont alarmés de la progession des insurgés en Irak et ont dit réfléchir aux moyens d'aider Bagdad, mais ont écarté l'idée d'une présence militaire terrestre.
Avec Reuters