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Abdel Fattah al-Sissi, l'homme fort de l'Égypte, investi président

Élu à la présidence égyptienne avec plus de 96% des voix, après avoir éliminé toute opposition, Abdel Fattah al-Sissi a prêté serment dimanche. Les Occidentaux, inquiets du retour à un pouvoir autoritaire, étaient présents mais discrets.

Une cérémonie pour entériner son pouvoir.  Abdel Fattah al-Sissi, élu président de l'Égypte avec 96,9 % des voix, a prêté serment dimanche 8 juin. Quelques souverains du Golfe, le président palestinien et trois chefs d'États africains étaient présents à la prestation de serment qui se déroulera devant la Cour constitutionnelle suprême au Caire, dans la matinée.

Le maréchal à la retraite a "juré au nom de dieu de respecter la loi et la Constitution" égyptiennes devant les juges de la Cour Constitutionnelle suprême, au cours d'une cérémonie retransmise en direct sur les chaînes de télévision.

L'ex-chef de l'armée a remporté sans surprise la présidentielle tenue les 26, 27 et 28 mai, où cependant seuls 47,5% des électeurs inscrits ont voté, après l’élimination de tout parti d’opposition. Sissi n’en est pas moins populaire dans son pays depuis qu'il a destitué et arrêté le président islamiste Mohamed Morsi le 3 juillet 2013, accusé de vouloir islamiser la société à marche forcée.

Élimination de toute opposition

Le régime de Sissi  a  réprimé dans le sang les partisans du président déchu et éliminé progressivement toute opposition : en premier lieu celle des Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak, à l'issue de la révolte populaire début 2011. Le nouveau pouvoir s’est aussi débarrassé de l'opposition libérale et laïque qui s'inquiétait d'un retour à un régime policier.

Depuis la destitution de l’ancien président, plus de 1 400 pro-Morsi ont été tués dans des manifestations, plus de 15 000 Frères musulmans emprisonnés et des centaines ont été condamnés à mort en quelques minutes dans des procès de masse, qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" de l'humanité.

Les organisations internationales de défense des droits de l'Homme ont rapidement dénoncé le retour à un régime "plus autoritaire" que celui de Moubarak.  Washington et les capitales de l'Union européenne n'ont félicité le nouvel élu que le surlendemain de l'annonce de son élection plus que triomphale, en insistant, à l'image de la Maison Blanche, sur la nécessité de respecter au plus vite les droits de l'homme.

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Les Occidentaux, présents mais mal à l’aise

Lors de l’investiture, les États-Unis étaient représentés par Thomas Shannon, conseiller du secrétaire d'État John Kerry. Washington a assuré que "les Etats-Unis veulent travailler avec le président élu", mais qu'ils vont "surveiller" la "transition vers la démocratie" de l'Égypte. Mêmes précautions de langage dans l'UE qui n'a pas envoyé de représentants éminents. La France n'était représentée que par son ambassadeur en Égypte.

Malgré le malaise inspiré par la prise de pouvoir autoritaire de Sissi, les Occidentaux, États-Unis en tête, se rangent à la nécessité de maintenir des relations fortes avec le plus peuplé des pays arabes, stratégique dans le processus de paix israélo-palestinien et allié-clé dans la lutte contre le "terrorisme" islamiste.

À l'exception du Qatar, les monarchies du Golfe, qui ont toujours exprimé un soutien sans faille à Abdel Fattah al-Sissi, pourfendeur des Frères musulmans qu'ils redoutent sur leurs territoires, étaient, elles, représentées au plus haut niveau. Le président palestinien Mahmoud Abbas et le roi Abdallah II de Jordanie devaient aussi assister à la cérémonie, suivie de deux réceptions et cérémonies dans des palais présidentiels du Caire.

Avec AFP