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Salon de l’E3 : des jeux et des enjeux

La grand messe mondiale du jeu vidéo, l’E3, débute lundi avec une avalanche d'annonces des principaux éditeurs et constructeurs de console. Pour tous, l’événement de Los Angeles a une saveur particulière. Tour d’horizon des enjeux.

À Los Angeles, chaque année c’est le même cirque au début du mois de juin pour l’E3 (Electronic Entertainment Expo). Le centre des conventions se transforme, entre le 9 et le 13 du mois, en plus grand chapiteau du monde des jeux vidéo, et tous les professionnels du secteur convergent vers la côte ouest américaine pour prendre le pouls du marché.

2013 avait été l’année des consoles de nouvelle génération. Sony et Microsoft avaient assuré l’essentiel du “show” avec, respectivement, la Playstation 4 et la Xbox One. Un grand cru, en somme, pour les joueurs du monde entier. L’E3 2014 pourra-t-il se montrer à la hauteur ? Les attentes sont, clairement, moins fortes.

Pour autant, en une année, le rapport de force entre les différents acteurs a commencé à prendre forme. La Playstation 4 a fait un départ en trombe, la Xbox One n’a pas encore dit son dernier mot, quant à Nintendo, on commence à se demander ce que le constructeur japonais peut encore faire pour maintenir sa Wii U dans la course. Récapitulatif des enjeux pour chacun de ces mastodontes du secteur.

Playstation 4 : le poids des lauriers. Sony a réussi son entrée sur le marché des consoles de nouvelle génération. La Playstation 4 s’est écoulée à 8 millions d’exemplaires dans le monde. Elle occupe actuellement la première marche du podium des machines à jouer.

Le constructeur japonais sait, cependant, qu’il ne peut pas se reposer sur ces lauriers. La Xbox One est en embuscade. Pour l’heure, le discours marketing de Sony - “cette console est pour les joueurs” - a été entendu par les consommateurs. Ils ont préféré ce message à celui de Microsoft qui a présenté sa console comme une machine à tout faire (jeux vidéo, télévision, communication, Internet). Reste qu’il faut encore concrétiser la promesse car, pour l’heure, le catalogue de jeux de la Playstation n’est pas beaucoup plus impressionnant que celui de la Xbox One. En clair, Sony va devoir taper fort, cette année à l’E3, en matière de jeux. Et si possible annoncer un grand nombre de titres qui ne seront disponibles que sur Playstation 4.

Xbox One : Poulidor no more. Microsoft doit être déçu. Le géant américain a, certes, réussi à vendre 5 millions de Xbox One depuis son lancement fin 2013. C’est bien… mais moins que les chiffres de vente de la Playstation 4. Dans ce combat de titans vidéoludiques, le rôle de Poulidor des pixels ne doit certainement pas plaire à Microsoft.

Le groupe américain a déjà commencé à réagir en alignant, le 13 mai, le prix de sa Xbox One sur celui de la PS4. Mais il y a fort à parier que Microsoft a gardé en réserve quelques cartouches pour l’E3. La grande question qui demeure : la Xbox One va-t-elle continuer à être promue comme la console tout-en-un, ou Microsoft va-t-il mimer Sony en mettant davantage l’accent sur l’expérience des joueurs ? Dans le premier cas, on peut s’attendre à des annonces d’ajout de fonctionnalités périphériques aux jeux vidéo (plus grande intégration de Skype, davantage de partenaires pour des applications vidéo, musicales et autres). Si Microsoft choisit la deuxième option, la guerre des exclusivités (jeux qui ne peuvent être utilisées que sur une console) aura bien lieu.

Wii U : sauvez le soldat Mario ? Pour la deuxième année consécutive, et contrairement à ses concurrents Microsoft et Sony, Nintendo n’organisera pas de grande conférence pour présenter ses nouveautés à l’E3. Le constructeur de la Wii U préfère, cette fois-ci encore, diffuser sur son site Internet une présentation de ce qui attend les amateurs de Mario et consorts en 2014. Officiellement, c’est pour établir un rapport plus direct avec les joueurs quand les traditionnelles conférences sont essentiellement pour les journalistes et autres professionnels.

Une stratégie qui ne lui a pourtant pas évité de connaître une “annus horribilis” en 2013. La Wii U ne s’est vendue qu’à 2,7 millions d’exemplaires l’an passé, alors que Nintendo espérait, fin 2012, en écouler 9 millions. On est loin du compte. En mars dernier, le groupe japonais a dû annoncer une troisième année successive de déficits.

Au rayon des bonnes nouvelles, Mario Kart 8 - la suite de la célèbre franchise de jeux de course made in Nintendo - s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires depuis sa sortie fin mai. Tout n’est donc pas perdu. Et le constructeur mise maintenant sur Super Smash Bros., son jeu de combat maison, pour continuer à engranger les bons points. Il devrait en être beaucoup question lors de l’E3 2014.

Ces jeux suffiront-ils pour faire décoller les ventes de la console ? Pas sûr. La Wii U souffre d’un défaut majeur face à ses concurrents : il y a beaucoup de jeux Nintendo, mais c’est tout ou presque. Face aux chiffres décevants de vente de la console, les grands éditeurs - Electronic Arts, Activision - ont décidé de faire l’impasse sur la Wii U pour leurs nouveautés. Du coup, les joueurs ont l’impression que l’herbe est moins verte - ou en tout cas qu’il y en a moins - qu’ailleurs.

Pour se relancer, Nintendo a débuté une nouvelle stratégie en mars 2014 qui met la santé à l’honneur. Des jeux pour un corps sain dans un esprit sain ? Les détails de ce nouveau projet sont peu nombreux, et l’E3 pourrait être une bonne occasion pour expliquer en quoi la santé est un concept qui peut plaire aux joueurs.