logo

Environ 500 vétérans canadiens de la Seconde Guerre mondiale vont recevoir la légion d’honneur française d’ici à la fin de l’année. Le Québécois Gaston Auger est l'un d'entre eux. À 17 ans, il a été l’un des plus jeunes prisonniers canadiens.

Dans sa maison de Longueuil, en banlieue de Montréal, Gaston Auger sort une vieille photographie. Sur le cliché jauni, il n’a pas encore 18 ans, la Seconde Guerre mondiale vient de s'achever et Gaston Auger se fait soigner au Royaume-Uni après neuf mois de captivité en Allemagne. Pendant 70 ans, il n’a pratiquement jamais parlé de son histoire, pas même à sa femme ni à ses cinq enfants.

"C’est la première année que je sors mes affaires, mes souvenirs. Je ne les ai jamais regardés depuis ce temps-là", raconte l'ancien soldat canadien à FRANCE 24. Gaston Auger à 16 ans lorsqu’il s’enrôle. Il a envie d'aventure. En juilllet 1944, il débarque en France. Un mois plus tard, il est capturé dans une grange près de Caen : "L’officier allemand nous a demandé de tourner la tête vers le mur. Va-t-il nous mitrailler ? Qu’est ce qu’ils vont faire ? On ne sait pas".

Finalement, le jeune canadien est fait prisonnier. Commence alors la longue route jusqu'à un camp de travail en Allemagne. "On a marché, marché, marché jour et nuit. Et puis là, on se fait mitrailler sur le chemin par nos propres avions ! J’étais obligé de me cacher derrière les arbres", raconte-t-il.

Malgré le travail forcé, le manque de nourriture et le froid, le prisonnier au numéro 86-185 ne tente pas de s’enfuir : "Je n’ai pas essayé d’être un héros parce, sinon, je ne serais pas ici ! Je suis un zéro. J'ai fait ma part".

Le 1er mai 1945, les Américains le libèrent. De ce jour, il a conservé un brassard nazi, volé sur la table de ses gardiens : "Je l’ai trouvé dans mon camp, à ma libération. Je voulais garder un souvenir". S’il a si longtemps tu son expérience, le vétéran canadien souhaite désormais léguer à ses enfants et petits-enfants les traces de ce qui n’était, au début, qu’une envie d’aventure.