Hong Kong braque ses projecteurs sur la répression sanglante des manifestations étudiantes de la place Tiananmen à Pékin qui a eu lieu dans la nuit du 3 au 4 juin 1989. Un reportage du correspondant de FRANCE 24, Baptiste Fallevoz.
Depuis 1990, chaque année à Hong Kong, ancienne colonie britannique, quelques jours avant la veillée aux bougies du 4 juin, des milliers d'habitants défilent pour commémorer le terrible épisode de Tiananmen survenu il y a 25 ans. Un acte qui résonne comme un défi face au géant chinois.
Car Hong Kong, revenue dans le giron chinois depuis 1997, est la seule région à pouvoir parler ouvertement de Tiananmen sans subir - officiellement - les foudres de Pékin, grâce à son statut de semi-autonomie. Défi suprême : au printemps, Hong Kong a même ouvert son premier musée consacré au 4 juin 1989. Un geste politique fort lorsque l'on sait que le Parti communiste chinois (PCC) est parvenu à instaurer en Chine continentale un silence d'État sur cette répression meurtrière, objet d'une censure drastique - et dont une partie de la jeunesse ignore jusqu'à l'existence.
it"Les Chinois ne savent rien de Tiananmen"
Aujourd'hui, de plus en plus de Chinois du continent traversent la frontière pour découvrir leur histoire et le plaisir de manifester. "La majorité des Chinois ne sait presque rien des événements de 1989", confie l'un d'entre eux à FRANCE 24. Mais ces touristes préfèrent toutefois faire profil bas. Ils refusent, par exemple, d'être repérés dans le musée, un endroit ultra sensible puisqu'il dévoile une période effacée de l'histoire de Chine.
"On ne connaissait pas cet événement. On a l'impression que cela n'a pas existé. On ne l'évoque jamais et je n'ose même pas en parler à mes parents. Si j'essaie, ils diront juste : 'Arrête de parler de ça'", confie une jeune femme à FRANCE 24.
Marches en faveur de la démocratie
"Il est de la responsabilité des habitants de Hong Kong de soutenir (les marches en faveur de la démocratie) car nous bénéficions d'une protection pour nos libertés", a indiqué à l'AFP Richard Tsoi, vice-président de l'Alliance de Hong Kong de soutien aux mouvements pro-démocratiques en Chine.
Dans la nuit du 3 au 4 juin, l'armée, forte de dizaines de milliers de soldats appuyés par des centaines de chars et autres blindés, a donné l'assaut en ouvrant le feu sur la foule jusqu'à parvenir à la place Tiananmen. Aucun bilan définitif officiel n'a été fourni. La plupart des recoupements de sources indépendantes font état de plusieurs centaines et jusqu'à plus d'un millier de morts à Pékin, sans compter le reste de la Chine.
La célèbre vidéo d'un Chinois s'opposant aux chars de Pékin, Tiananmen, 5 juin 1989