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Douze caricaturistes croqués par la caméra

Depuis mercredi, les salles de cinéma françaises projettent le documentaire "Caricaturistes - fantassins de la démocratie". Un coup de projecteur bienvenu sur un métier que certains dessinateurs pratiquent parfois dans des conditions difficiles.

Ils s'appellent Ryama, Nadia Kiari, Kichka ou Plantu et depuis des années, ils croquent, parfois au péril de leur vie, les grands événements qui rythment l’actualité. Au fil des dessins, le crayon est devenu leur arme la plus aiguisée pour s’exprimer, critiquer, dénoncer.

Sorti mercredi 28 mai en salles, le documentaire "Caricaturistes - fantassins de la démocratie" livre au spectateur une galerie de portraits croisés de 12 dessinateurs qui exercent aux quatre coins du monde.

La réalisatrice française Stéphanie Valloatto est partie à la rencontre de ces 12 hommes et femmes. Avec sa caméra, elle les a suivis quotidiennement dans leurs ateliers et dans les lieux qu’ils affectionnent.

Un tournage qui a nécessité certaines précautions, confie-t-elle à l'antenne de FRANCE 24 : "Dans certains pays comme la Russie, la Chine ou le Venezuela, on a déclaré aux autorités que notre film portait sur l'urbanisme et non sur la liberté d'expression afin obtenir nos visas. Au Venezuela, il y a 23 000 décès liés à la violence chaque année, sans compter les kidnappings. L'objectif premier, déjà, c’était qu’on ne se fasse pas kidnapper."

Le portrait du dessinateur français Plantu, 63 ans, constitue le fil rouge de ce documentaire. C’est lui qui a décidé de créer l’association Cartooning for Peace en mai 2008, à la suite de la polémique née des caricatures de Mahomet en 2005.

"Énerver les puissants"

"Continuez à énerver les puissants et à les déranger jusqu'au bout, qu'ils puissent même faire une crise de nerf ! Parce qu'ils ne supportent pas qu'il existe une liberté de ton", martèle-t-il au micro de FRANCE 24.

Une liberté qui, même en France, dérange parfois, regrette l’emblématique dessinateur du quotidien "Le Monde". L’un de ses livres, qui devait sortir quelques jours avant le documentaire, a été finalement refusé par son éditeur en raison d’un dessin visant l’ancien pape Benoît XVI. Une caricature pour laquelle il sera même amené à comparaître devant la justice dans quelques semaines.

Depuis, Plantu organise des colloques et des rencontres en partenariat avec les Nations unies afin de donner un retentissement mondial au travail de ces dessinateurs engagés, contraints de lutter quotidiennement pour exercer leur métier.

Le film de Stéphanie Valloato se fait le relais de quelques témoignages poignants et brille par son exhaustivité, mais il pèche tout de même par ambition. À vouloir trop en dire, la réalisatrice française survole chaque histoire sans vraiment présenter dans le détail chacun de ces caricaturistes. La faute, sans doute, à un casting un peu trop imposant.

LA BANDE-ANNONCE