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La Cour pénale internationale a condamné vendredi l'ancien milicien congolais Germain Katanga à douze ans de prison pour complicité de crimes contre l'humanité. Il était poursuivi pour l'attaque en 2003 du village de Bogoro, dans l'est de la RDC.

Celui que l'on surnomme Simba, ou le "lion" de l’Ituri, pour sa férocité, a été condamné, vendredi 23 mai, à douze ans de prison par la Cour pénale internationale de la Haye. Germain Katanga, ex-chef de milice congolais, était accusé d'avoir réduit à néant un village de l'Ituri, région de l'est de la République démocratique du Congo en proie à des conflits interethniques depuis quinze ans. "La chambre fixe une peine unique de 12 ans d'emprisonnement", a déclaré le juge Bruno Cotte, soulignant que le temps déjà passé en détention préventive - près de 7 ans - serait déduit de la peine. Le procureur avait exigé une "peine lourde et efficace", entre 22 et 25 ans.

Germain Katanga, maintenant âgé de 35 ans, était le commandant des Forces de résistances patriotiques en Ituri (FRPI), une milice dont de nombreux membres, des ethnies Lendu et Ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigés contre les Hema.

Circonstances atténuantes

Le 7 mars, la CPI l'avait reconnu coupable de complicité de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en facilitant et coordonnant l'approvisionnement en armes des membres de sa milice en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), dont différents groupes armés se disputent les richesses naturelles. Germain Katanga avait été déclaré innocent d'avoir utilisé des enfants soldats ou d'avoir utilisé le viol comme une arme de guerre.

La participation du condamné au processus de paix après les hostilités, sa collaboration aux procédures de la Cour, et son implication dans sa vie familiale (il est père de 6 enfants, dont certains en bas âge), ont par contre joué en faveur d'une réduction de la sentence. "La chambre considère que la peine a deux fonctions importantes : le châtiment et une manière de reconnaître le préjudice et les souffrances des victimes", a expliqué le juge Cotte, évoquant l'attaque de Bogoro.

Kantanga et Ngudjolo Chui accusés de 200 meurtres

Le procès de Katanga s'est tenu en concomitance avec celui de son ancien co-accusé, Mathieu Ngudjolo Chui, acquitté en décembre 2012, faute de preuves suffisantes. Selon l'accusation, les troupes de Germain Katanga et celles de Mathieu Ngudjolo Chui, auraient lancé l'attaque au petit matin et pillé, violé les femmes et tué 200 personnes environ. Certaines victimes ont été brûlées vives.

Les affrontements interethniques entre milices qui se disputent les terres de l'Ituri, riche en ressources naturelles, dont l'or, le pétrole ou les diamants, ont débuté en 1999. Selon l'accusation, les combats ont "dévasté" la zone. Quant aux victimes des violences, elles sont estimées à plus de 60 000 selon les ONG.

Des hauts responsables épargnés 

Selon le bureau du procureur, l'attaque du 24 février 2003 ne visait pas uniquement le camp militaire mais également la population civile du village. Le but était de prendre le contrôle de la route voisine "pour faciliter l'acheminement de marchandises".

HRW a regretté toutefois que l'enquête du procureur de la CPI ne vise pas des plus hauts responsables que Katanga, "ceux qui ont financé et donné les ordres pour que les crimes soient commis".

Avec AFP