
Il y a une "forte présomption" que Souad, la soeur de Mohamed Merah soit en Syrie, a estimé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve sur Europe 1. La jeune femme a disparu de Toulouse avec ses quatre enfants.
La famille Merah n’en finit plus de faire parler d’elle. Mercredi 21 mai, la radio RTL a révélé que les services de la préfecture de Haute-Garonne avaient perdu la trace de Souad Merah, la sœur de Mohamed Merah - qui avait assassiné sept personnes à Montauban et Toulouse en mars 2012. Selon la radio, la Toulousaine de 36 ans est soupçonnée d’avoir quitté le territoire français pour se rendre en Syrie. Elle serait partie avec ses enfants rejoindre son compagnon Abdelwaheh, un extrémiste qui a lui-même quitté les Midi-Pyrénées en compagnie de sa première épouse et de ses enfants.
Sans confirmer cette information, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, a estimé vendredi sur les ondes d'Europe 1 qu'il y avait une "forte présomption" pour que la jeune femme soit en Syrie. "Souad Merah a pris un avion le 9 mai Barcelone-Istanbul", a-t-il précisé, puis dans la foulée un vol Istanbul-Gaziantep, ville du sud-est de la Turquie au nord de la frontière syrienne, "il y a une forte présomption de sa présence en Syrie".
La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire jeudi 22 mai "sur la situation de Souad Merah", a annoncé une source judiciaire. Ouverte pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, cette enquête a été confiée à la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure), la sous-direction antiterroriste (SDAT) et la PJ de Bordeaux.
Les compétences des services français en question
Souad #Merah en Syrie alors qu'elle était surveillée? "ce qui me trouble c qu'on ait perdu sa trace, comme pr Mohammed" EPelletier @RMCinfo
— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC) 22 Mai 2014L’information sur ce probable départ circule sur les réseaux sociaux. Première constatation : les internautes ironisent surtout sur les compétences des services français à perdre la trace d’une femme, censée être étroitement surveillée pour sa proximité avec les milieux salafistes. "Nos super services secrets ont paumé la trace d’une terroriste potentielle ? Félicitations !" commente ainsi le journaliste Jean-Paul Ney sur Twitter. "J’espère que ceux qui reviennent du djihad en Syrie sont mieux surveillés que ceux qui veulent y partir", s’alarme un autre.
>> A relire sur FRANCE 24 : La DCRI pointée du doigt dans l'affaire Merah
J'espère que ceux qui reviennent du djihad en Syrie sont mieux surveillés que ceux qui veulent y partir! #SouadMerah
— Salsa (@Salsssaaaa) 22 Mai 2014La sœur du "tueur au scooter", pratiquante d’un islam radical et couverte d’un voile noir intégral, avait fait parler d’elle fin 2012, lorsqu’elle avait déclaré, filmée en caméra cachée, "être fière" de son frère Mohamed" qui a combattu jusqu’au bout". Entre le 11 et le 19 mars 2012, Mohamed Merah avait assassiné trois soldats à Toulouse et Montauban, puis trois enfants et un enseignant juifs au nom du djihad. Dans cette vidéo, elle y disait aussi son admiration pour Ben Laden et sa haine des juifs.
À l’époque, ses propos avaient fait l’objet d’une enquête pour "apologie du terrorisme". L'affaire avait finalement été classée sans suite en janvier 2013, ses déclarations ne pouvant être considérées comme publiques puisqu'elle ignorait être filmée. "Dans une démocratie, on ne punit pas la parole privée", avait défendu son avocat.
Comment ?!? Nos supers services secrets ont paumé la trace d'une terroriste potentielle ? Mes félicitations. #SouadMerah #GénérationMerah
— Jean-Paul Ney (@jpney) 22 Mai 2014Souad Merah, comme son frère Abdelkader, toujours écroué dans l'enquête sur les meurtres de Mohamed Merah, était fichée avant les crimes de mars 2012 comme membre de la mouvance salafiste par la DCRI, direction centrale du renseignement intérieur.
L'ancien chef de la DCRI Bernard Squarcini avait indiqué que Souad et Abdelkader Merah étaient perçus comme plus dangereux que Mohamed par les services de renseignement. En avril 2014, elle avait été placée en garde à vue dans l'enquête sur les complicités dont aurait pu bénéficier Mohamed Merah. Elle avait été relâchée sans qu'aucune charge ne soit retenue contre elle.
Avec AFP