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Coup d'État en Thaïlande : la Constitution suspendue jusqu'à nouvel ordre

Quarante-huit heures après l'instauration de la loi martiale, censée régler la crise politique en Thaïlande, le chef de l'armée a annoncé un coup d'État lors d'une déclaration à la télévision. La Constitution a également été suspendue.

"Pour que le pays revienne à la normale, l'armée doit prendre les pleins pouvoirs", a déclaré jeudi 22 mai dans une déclaration télévisée le général Prayut Chan-O-Cha. Le général de l'armée de terre en Thaïlande, qui avait déclaré la loi martiale mardi, a mis en avant la violence dans le pays qui a fait 28 morts depuis le début de la crise à l'automne pour justifier la prise de contrôle du pouvoir par l'armée.

"Tous les Thaïlandais doivent rester calmes et les fonctionnaires doivent continuer à travailler comme d'habitude", a-t-il ajouté. L'annonce télévisée est intervenue après une deuxième séance de négociations entre les principaux acteurs de la crise, destinée à trouver un compromis. Le porte-parole de l'armée a également annoncé la suspension temporaire de la Constitution.

Le nouveau régime militaire au pouvoir a aussi interdit les rassemblements de plus de cinq personnes pour des "raisons politiques". "Quiconque violant cette interdiction risquera un an de prison, 10 000 bahts d'amende (220 euros), ou les deux", a annoncé un porte-parole de l'armée à la télévision nationale.

Selon des témoins cités par l'AFP, des leaders des manifestants des deux camps ont été emmenés hors du lieu de la réunion dans des véhicules militaires, sous bonne garde, juste avant l'allocution du général. "On est sans nouvelles d'eux", indique Cyril Payen, correspondant de FRANCE 24 à Bangkok.

François Hollande condamne

Du côté de la communauté internationale, le président français François Hollande a condamné cette prise de pouvoir par l'armée. L'organisation non gouvernementale Human Rights a, elle, fait part de son inquiétude quant au coup d'État, qui risque de mettre en péril les libertés fondamentales de la population.

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Les chemises rouges veulent continuer à manifester

Le mouvement des chemises rouges, partisans du gouvernement thaïlandais, a déclaré vouloir continuer à manifester malgré l'annonce du coup d'État. Lors des négociations, le leader des Chemises Rouges pro-gouvernement, Jatuporn Prompan, avait proposé un référendum national sur la meilleure option de sortie de crise.

L'opposition réclamait des réformes avant toute nouvelle élection. Les manifestants voulaient un Premier ministre "neutre", nommé par le Sénat, en l'absence de chambre basse du Parlement, dissoute en décembre.

Les partisans du gouvernement insistaient quant à eux sur la nécessité d'élections au plus vite, celles de février ayant été invalidées par la justice en raison de leur perturbation par les manifestants.

18e coup d'état

La Thaïlande a connu 18 coups d'état ou tentatives en près de 80 ans. Le dernier en 2006 contre l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra a entraîné une série de crises politiques faisant descendre tour à tour dans la rue les ennemis et les partisans du milliardaire, qui reste malgré son exil le facteur de division du pays.

L'épisode actuel a commencé à l'automne avec des manifestations réclamant le départ de sa soeur Yingluck, Première ministre depuis 2011. Elle a été destituée par la justice début mai.

Avec AFP

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