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La santé d'un des journalistes d’Al-Jazira détenus en Égypte se détériore

En grève de la faim depuis plus de 100 jours, Abdallah al-Shamy, l’un des correspondants d’Al-Jazira en Égypte, serait dans un état critique, d’après sa famille. Il est détenu depuis neuf mois sans qu'aucune charge n’ait été retenue.

Bien qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui, Abdallah al-Shamy est en prison en Égypte depuis le mois d'août dernier. Il y a trois mois, ce correspondant de la chaîne Al-Jazira au Caire a entamé une grève de la faim pour protester contre cette détention et d’après sa famille, le journaliste serait aujourd’hui dans un état critique.

Abdallah al-Shamy, 26 ans, a été arrêté le 14 août 2013 au Caire alors qu’il couvrait le démantèlement du sit-in de Rabaa al-Adawiya, au cours duquel plus de 700 partisans de l’ex-président Mohamed Morsi ont été tués par l’armée et la police en quelques heures. Détenu depuis neuf mois, il refuse de s’alimenter depuis fin janvier.

Dans une vidéo tournée à l’intérieur de la prison et diffusée mardi 14 mai sur internet par la chaîne qatarie Al-Jazira, le journaliste égyptien, très amigri, dit "tenir les autorités égyptiennes pour responsables" de la grave détérioration de son état de santé. D’après sa famille, il n’a bénéficié d’aucun soin médical depuis le début de sa grève de la faim et aurait perdu 35 kilos, soit un tiers de son poids initial.

Mis à l'isolement

Les autorités égyptiennes affirment de leur côté qu’Abdallah al-Shamy refuse la nourriture de la prison mais mange ce que lui apportent ses proches lors des visites. Il a été récemment transféré dans un quartier de haute sécurité de la prison de Tora et mis à l’isolement.

Les organisations de défense des droits de l’homme Human Rights Watch et Amnesty International ont réclamé la libération immédiate du journaliste. "En plaçant un gréviste de la faim à l'isolement au lieu de le transférer dans un hôpital, les autorités égyptiennes mettent délibérément sa vie et sa santé en danger", a déclaré Amnesty International dans un communiqué.

Vingt autres journalistes devant les juges

Le procès de 20 autres journalistes d’Al-Jazira est toujours en cours en Égypte. Parmi eux, 16 Égyptiens sont accusés d’appartenir à "une organisation terroriste" – les Frères musulmans – et d’avoir "porté atteinte à l'unité nationale et la paix sociale", tandis que quatre étrangers sont poursuivis, notamment pour "diffusion de fausses nouvelles".

Les autorités de transition en Égypte considèrent que la chaîne qatarie a pris parti pour les Frères musulmans dans sa couverture des événements de l’été dernier. Neuf des accusés de ce procès – dont l’Australien Peter Greste et l’égypto-canadien Mohamed Adel Fahmy – sont actuellement détenus en Égypte et onze autres sont jugés par contumace. La prochaine audience aura lieu le 22 mai.

Le scrutin présidentiel prévu pour les 26 et 27 mai devrait se dérouler dans un climat très tendu. Lors d’un meeting en faveur maréchal Al-Sissi, samedi 17 mai au Caire, une bombe artisanale a fait trois blessés. Parallèlement la répression contre les Frères musulmans continue : 163 membres ou sympathisants de la confrérie ont été condamnés le 18 mai à des peines allant de dix à quinze ans de prison pour "actes de violence" et "appartenance à une organisation terroriste".

Avec AFP