Un groupe armé a attaqué dimanche le Conseil général national, à Tripoli, réclamant sa suspension. L'assaut a été mené par des membres de l'autoproclamée "Armée nationale libyenne". À Benghazi, une base aérienne a été la cible de roquettes.
Dimanche 18 mai, le Congrès général national (CGN), équivalent du Parlement libyen, a été attaqué par des hommes armés. Selon des témoins, les assaillants faisaient partie des puissantes brigades de Zintan, connues pour leur opposition aux islamistes, qui avaient déjà attaqué le bâtiment par le passé. Le 29 avril dernier, déjà, des députés avaient été blessés par balle au cours d’une attaque perpétrée par un groupe armé.
Le président du CGN, Nouri Abou Sahmein, n'a pas écarté l'hypothèse que l'attaque contre le Parlement ait été commandée par Khalifa Haftar, un ancien général à la retraite qui avait pris part à la révolte contre le régime de Mouammar Khadafi en 2011. "Ce sont des membres de l'Armée nationale libyenne" (ANL), qui ont attaqué le bâtiment dans la capitale, a indiqué son porte-parole, Mohamed al Hedjazi. L'ANL a été créée par le général Haftar, qui s'en est proclamé le chef. Plusieurs officiers et militaires de la région orientale, y compris de l'armée de l'air, ont rejoint la force de Haftar qui se revendique "Armée nationale libyenne".
Dans la soirée, un colonel disant parler au nom de l'armée a accentué encore la confusion, en annonçant la "suspension" du CGN, plus haute autorité politique du pays. "Nous, membres de l'armée et les révolutionnaires (ex-rebelles), nous annonçons la suspension du CGN", a déclaré le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la Police militaire, sur deux chaînes privées de télévision, précisant qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'État.
Un ex-général en croisade contre les islamistes à Benghazi
À la tête d'une force paramilitaire, Khalifa Haftar a lancé vendredi matin une opération contre les milices islamistes lourdement armées de Benghazi, qu'il a qualifiées de "terroristes". Les affrontements ont fait au moins 79 morts et 141 blessés, selon le ministère de la Santé. En réponse, dans la nuit de dimanche à lundi, la base aérienne de Benina, à 19 kilomètres de Benghazi, a été la cible d'une attaque à la roquette, qui n'a pas fait de victimes. Le commandant de la base, Saad al-Werfalli, a accusé des islamistes radicaux d'en être responsables.
Vendredi, après l'offensive, Khalifa Haftar a retiré ses troupes de Benghazi, précisant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un "abandon". "Chaque bataille est suivie d'une réorganisation de nos unités. Et nous allons revenir avec force", a-t-il déclaré samedi, martelant que son objectif n'était pas de prendre le pouvoir mais de combattre le terrorisme.
Élu en juillet 2012 pour 18 mois, le CGN a provoqué la colère d'une grande partie de la population en décidant de prolonger son mandat jusqu'à décembre 2014. Sous la pression de la rue, il a cependant annoncé qu'il allait céder la place à un nouveau Parlement, dont la date d'élection n'a pas encore été fixée.
La Libye est en proie à l'anarchie depuis la chute de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, les autorités de transition ne parvenant pas à contrôler les innombrables milices armées qui font la loi dans le pays.
Avec AFP