En 2006, le meurtre sauvage d'Ilan Halimi, de confession juive, avait suscité une vive émotion en France. Alors que le procès de ses tueurs présumés s'ouvre le 29 avril, peu de monde accepte d'en parler à Bagneux, où le drame a eu lieu.
Le 13 février 2006, un jeune Français de confession juive, Ilan Halimi, 23 ans, vendeur de téléphones portables, est retrouvé agonisant près d'une gare de la banlieue parisienne. Baîllonné, menotté, le corps parsemé de brûlures, il meurt lors de son transfert à l'hôpital.
Trois semaines durant, il avait été séquestré et torturé dans un appartement d'une cité de Bagneux, avant d'être finalement abandonné par ses ravisseurs.
Dix jours plus tard, Youssouf Fofana, accusé d'avoir planifié l'enlèvement d'Ilan, est arrêté à Abidjan après avoir pris la fuite. Vingt-six autres personnes soupçonnées d'avoir participé à l'opération sont également arrêtées.
Rançon de 450 000 euros
Motif présumé de l'enlèvement du jeune homme par le "Gang des barbares" - c'est ainsi que ses membres s'étaient baptisés : obtenir une rançon de 450 000 euros en échange de la libération d'Ilan Halimi qu'ils pensaient riche, parce que juif.
A l'époque des faits, l'affaire - aux forts relents antisémites - provoque une vive émotion. Trois ans plus tard, à la cité HLM de la Pierre-Plate où Ilan a été torturé, la loi du silence règne toujours. Jeunes, voisins, responsables religieux et associatifs : personne ne s'explique la monstruosité de ce fait divers. Beaucoup se montrent même très réticents à en parler.
Alors que le procès des acteurs présumés du "Gang des barbares" s'ouvre le 29 avril, tous espèrent que les audiences permettront de comprendre ce qui s'est passé et effaceront l'image glaçante de la cité qu'en laisse le souvenir de la torture d'Ilan Halimi.