Le Congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, est déjà donné vainqueur des élections législatives, organisées le 7 mai. Mais nombre de ses électeurs s'estiment laissés pour compte. Reportage à Lokaleng (nord-ouest).
J-1 en Afrique du Sud où les élections législatives et provinciales ont lieu mercredi 7 mai. Au pouvoir depuis 1994, le Congrès national africain (ANC) du président Jacob Zuma part favori. Une victoire s’annonce, mais le parti pourrait faire son plus mauvais score depuis l’avènement de la démocratie il y a tout juste 20 ans. Selon un sondage Ipsos publié dimanche par le journal "Sunday Times", le parti de l’ancien président Nelson Mandela, décédé en décembre, est crédité de 63,9 % des intentions de vote.
Beaucoup de Noirs, anciens électeurs de l’ANC, qui n’ont pas vu leur vie s’améliorer, ont tourné le dos au mouvement et appellent à ne pas voter. C’est le cas à Lokaleng, près de Mafikeng, dans la Province du nord-ouest. Ce village, l’un des plus vieux de la région, est aussi l’un des plus oubliés de la nouvelle Afrique du Sud. Rien ne marche, pas même la pompe à eau installée l’an dernier.
Le pire, c’est qu’il n’y a même pas l’électricité. Les villageois se mobilisent depuis cinq ans pour avoir du courant. Ils ont se à la mairie, à la province, à la présidence. Ils ont même demandé au ministre de l’Énergie des panneaux solaires. Sans succès.
Cinq maisons seulement sont reliées au réseau, celles proches de la résidence luxueuse du conseil municipal de l’ANC. L’élu du parti au pouvoir s’est justifié en expliquant qu’il était le seul de toute façon à pouvoir s’offrir l’installation. Les villageois sont furieux, ils refusent de voter. "Pourquoi voulez-vous qu’on vote pour quelque chose qui ne vient pas ?", explique une habitante.
À Lokaleng, le mot d’ordre "Pas de courant, pas d’élection" est bien plus populaire que le slogan de l’ANC : "Une vie meilleure pour tous."