De nouveaux combats font rage, lundi, dans l'est de l'Ukraine, causant la mort de quatre soldats ukrainiens et faisant craindre un scénario de guerre civile. De leur côté, les Occidentaux tentent toujours de relancer le dialogue avec la Russie.
Au lendemain du siège de l’armée ukrainienne autour de la ville de Sloviansk, un des bastions des insurgés pro-russes, les combats se sont intensifiés, lundi 5 mai, entre les soldats et les séparatistes. Quatre soldats ukrainiens sont morts, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, à des journalistes à proximité de la zone de combats, après des combats à l'arme lourde.
Le ministre se trouvait dans la matinée à un checkpoint à environ 6 kilomètres du lieu des combats, qui avaient commencé environ deux heures plus tôt, selon un correspondant de l'AFP. "On nous livre une guerre, contre notre territoire", a déclaré Arsen Avakov. "Ma mission est d'éliminer les terroristes", a-t-il souligné. Et d'ajouter : "La seule tactique est d'avancer petit à petit vers le centre [de Sloviansk]. Il n'y a pas de solution militaire, elle doit être politique".
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Le chef de la Garde nationale, Stepan Poltorak, également présent sur place, a pour sa part remarqué : "Nos adversaires sont bien entraînés et bien équipés. [...] On les a coincés dans le centre [de Sloviansk]. Les routes sont fermées, on ne laisse pas passer les civils. [...] Ils font tout pour nous obliger à utiliser des armes lourdes, mais nous ne le ferons pas pour épargner la population."
À Odessa, la situation est toujours extrêmement tendue au lendemain de la prise d’assaut d’un poste de police par des pro-russes. Le week-end a également été très agité dans le bassin minier du Dombass, qui regroupe les régions de Lougansk et Donetsk. À Kramatorsk, toujours sous contrôle des rebelles après l'attaque par l'armée d'un check-point à proximité, "les gens ont très peur", a déclaré un militant pro-russe, Artiom Gaspogrian.
Nouvelle offensive diplomatique des Européens
Sur le terrain diplomatique, une nouvelle offensive se prépare aussi. Il faut dire que la conférence de "Genève I" – signée par l’Ukraine, la Russie, les États-Unis et l’UE - pour tenter de pacifier le pays et relancer le dialogue avec la Russie est un cuisant échec. Non seulement, le texte est resté lettre morte mais la situation s’est considérablement dégradée sur le terrain. Dimanche, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, avait plaidé en faveur d'une seconde conférence de Genève.
Lors de cette réunion de la dernière chance, il faudra "que des engagements clairs soient enfin décidés, sur la façon dont nous pouvons obtenir une trêve dans ce conflit et trouver progressivement une solution politique. Toute autre attitude serait irresponsable, car cela ne signifierait davantage de victimes", a détaillé le ministre allemand.
En théorie, tout le monde semble d’accord. Lors d'un entretien téléphonique dimanche en fin d'après-midi, la chancelière Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine ont tous deux jugé qu'une médiation internationale était nécessaire pour réduire les tensions en Ukraine. Le Kremlin a même précisé que Vladimir Poutine avait profité de son entretien avec Angela Merkel pour "souligner le besoin d'établir un dialogue direct entre les autorités actuelles de Kiev et les représentants des régions du sud-est du pays".
Le président de l'OSCE, Didier Burkhalter est attendu le 7 mai à Moscou pour évoquer le dossier ukrainien avec le président russe Vladimir Poutine. Les deux hommes discuteront "de la mise en place de tables rondes sous le parrainage de l'OSCE, qui doivent faciliter un dialogue national avant l'élection présidentielle" anticipée, prévue le 25 mai en Ukraine, a indiqué un porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel.
Avec AFP