L'armée ukrainienne a lancé, samedi à l'aube, une nouvelle offensive contre les insurgés pro-russes près de Kramatorsk, dans l'est du pays. De son côté, Washington appelle Kiev et Moscou au calme et menace la Russie de nouvelles sanctions.
Samedi 3 mai à l'aube, les troupes ukrainiennes ont mené de nouvelles opérations visant les séparatistes pro-russes aux environs de Kramatorsk, dans l'est du pays, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov.
Le chef du centre antiterroriste ukrainien, Vasil Kroutov, n'a pas fourni beaucoup de précisions sur les combats mais il a déclaré au cours d'une conférence de presse à Kiev que le pays était désormais en situation de "guerre".
"Il y a des tirs et des affrontements autour de Kramatorsk... Ce qui se passe dans la région de Donetsk et dans les régions de l'Est n'est pas un soulèvement passager, c'est une guerre", a-t-il soutenu.
Plus tôt, le ministre a affirmé que les forces gouvernementales avaient pris le contrôle d'une tour de télévision dans cette ville proche du bastion rebelle de Sloviansk, où de violents affrontements ont eu lieu vendredi.
"La phase active de l'opération se poursuivait à l'aube. Nous ne nous arrêtons pas", a écrit Avakov sur sa page Facebook. Il n'a pas fait mention d'éventuelles victimes.
Les sept inspecteurs militaires de l'Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE) retenus depuis plus d'une semaine par les insurgés pro-russes à Sloviansk, bastion des rebelles dans l'est de l'Ukraine, ont été libérés, a annoncé, samedi 3 mai, l'émissaire russe Vladimir Loukine.
"Toutes les personnes figurant sur ma liste ont été libérées", a déclaré Vladimir Loukine aux agences russes.
Avec Reuters
Dans la nuit, les médias russes ont parlé de combats près de Kramatorsk. Citant des sources médicales, ils ont fait état d'un mort et de neuf blessés.
Washington appelle Kiev et Moscou au calme
La veille, les affrontements à Sloviansk, où l'armée a lancé l'offensive contre les séparatistes qui tiennent la ville, ont coûté la vie à deux soldats, dont l'hélicoptère a été abattu. Cinq autres personnes y ont été tuées, selon les séparatistes.
Le gouvernement pro-occidental qui a succédé à Kiev au président pro-russe Viktor Ianoukovitch a estimé que
l'utilisation de missiles sol-air pour abattre les hélicoptères prouvait que les forces russes se trouvaient déjà dans la ville.
Kiev a indiqué, en outre, que des "saboteurs armés" russes avaient tenté d'entrer dans le pays dans la nuit de jeudi à vendredi mais qu'ils avaient été repoussés par les troupes ukrainiennes à la frontière. Moscou a démenti avoir voulu entrer en Ukraine.
À Odessa, au bord de la mer Noire, au moins 37 personnes ont trouvé la mort vendredi, dont 31 dans l'incendie d'un local syndical. Les autres ont été victimes d'affrontements de rue entre pro-russes et pro-occidentaux.
Par ailleurs, plus de 130 personnes ont été arrêtées dans la ville portuaire du sud de l'Ukraine. Le chef de la police de la ville a précisé, dans un communiqué, que les détenus seraient poursuivis en justice pour avoir participé à des émeutes et pour meurtre avec préméditation.
Les États-Unis ont appelé Kiev et Moscou à "restaurer l'ordre" après les violences "inacceptables". "La violence et le désordre ayant conduit à tant de morts et de blessures absurdes sont inacceptables", a déclaré Marie Harf, une des porte-paroles du département d'État américain dans un communiqué. "Nous appelons les deux parties à travailler ensemble à restaurer le calme, la loi et l'ordre", a intimé la porte-parole de la diplomatie américaine.
Les événements à Odessa soulignent de manière dramatique la nécessité d'une immédiate désescalade des tensions en Ukraine", a encore affirmé le département d'État, appelant "au respect immédiat des engagements pris à Genève le 17 avril" entre la Russie, l'Ukraine et les États-Unis.
Moscou s’indigne
La Russie, qui a déclaré à maintes reprises ces derniers mois s'inquiéter pour la sécurité de la population russophone d'Ukraine qu'elle estime menacée, s'est dite "indignée" par ce "nouveau crime commis à Odessa", faisant craindre une réaction virulente de Moscou.
Le Kremlin a par ailleurs dénoncé "un nouveau signe de l'irresponsabilité criminelle des autorités de Kiev".
Plus tôt dans la journée de vendredi, Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont menacé la Russie de sanctions "sévères" en cas d'aggravation de la crise en Ukraine, où une offensive meurtrière a eu lieu pour le contrôle de Sloviansk, dans l'Est.
Le président américain avait auparavant prévenu Moscou qu'il s'exposait à de nouvelles sanctions "sectorielles", si l'élection présidentielle prévue en Ukraine le 25 mai devait être perturbée. "Nous sommes prêts et avons préparé une telle étape", dite phase 3, a renchéri la chancelière allemande, en visite à Washington.
Les pays du G7 avaient déjà annoncé le week-end précédent un renforcement de leurs sanctions à l'égard de la Russie, qu'ils accusent de déstabiliser activement l'est de l'Ukraine.
Cliquez sur le liveblogging ci-dessous pour revivre les événements du vendredi 2 mai.
Pour le visualiser sur vos tablettes et smartphones cliquez ici.