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Le streaming, moteur de la "croissance musicale"

Exit le téléchargement légal, l'écoute de musique en ligne représente désormais la moitié des ventes numériques du marché de la musique en France.

À l’heure où le marché de la musique a plutôt tendance à poursuivre sa lente agonie, quelques niches du secteur ont le vent en poupe. C’est le cas du streaming. L’écoute de musique en ligne sans téléchargement représente désormais 50 % des ventes numériques en France au premier trimestre et 17 % du marché musical global, selon les chiffres annoncés le 1er mai par le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep).

Fort d’une progression de 40 % en un an, le streaming devient ainsi “le premier usage en ligne” et pourrait devenir “à terme la source de revenu principale de l'industrie musicale et des artistes”, estime Guillaume Leblanc, directeur général du Snep. Sceptiques et méfiantes à l’égard du streaming qu’elles ont longtemps considéré comme une forme de piratage, les maisons de disque accueillent de mieux en mieux le streaming.

Il faut dire que la tendance est mondiale. En 2013, l’écoute de musique en ligne a représenté 27 % des ventes numériques et généré 1,1 milliard de dollars de recettes dans le monde. Un chiffre qui a été multiplié par trois en seulement trois ans, selon le récent rapport de l'IFPI, l’équivalent international du Snep. Aujourd’hui, plus de 28 millions de personnes à travers la planète paient pour un abonnement de musique.

Deux millions de Français abonnés au streaming

Dans l’Hexagone, cette niche pèse 16,5 millions d’euros. Au total, près de deux millions de Français sont abonnés à un service de streaming de musique, essentiellement auprès du français Deezer et du suédois Spotify, les deux poids lourds du secteur. Tous deux offrent un service d’écoute gratuite entrecoupée de publicités toutes les trois ou quatre chansons, ainsi que des abonnements payants sans publicité et comportant une foultitude d’avantages.

Dernier arrivé chez les “streamers”, la Fnac qui a lancé début mars son service d’écoute de musique en ligne baptisé “Fnac Jukebox”. Le premier disquaire de France ne propose pas de version payante mais deux types d’abonnements : l'un à 2 euros par mois permet l'écoute illimitée sur ordinateur de 200 titres choisis par le client et le deuxième pour 4,99 euros donne accès au même service mais l'ensemble du catalogue musical de la Fnac, soit plusieurs millions de titres. Le mode hors-connexion, qui permet d’écouter la musique sur ordinateur, smartphone et tablette même sans connexion Internet, est disponible en option pour 5 euros supplémentaires par mois.

Même si le marché est déjà saturé, avec cette nouvelle offre aux tarifs et aux services proches de ceux proposés par Spotify et Deezer, la Fnac - qui vend chaque année environ 14 millions de disques - espère ainsi convertir une partie de sa clientèle. La chaîne TF1 a également annoncé récemment qu’elle planchait sur un site de streaming.

Le streaming reste méconnu du grand public

Autant de nouvelles offres qui devraient permettre au grand public de mieux connaître le principe du streaming qui reste, pour l’heure, un outil pour les avertis et les jeunes. “Le streaming commence à entrer dans les mœurs chez les professionnels mais le grand public ne sait pas ce que c'est !”, affirme Stéphane Le Tavernier, le président du Snep et de Sony Music France.

D’ailleurs, sur les deux millions d’abonnés à un service de streaming, nombreux sont ceux qui bénéficient, en fait, d’une offre couplée avec leur opérateur mobile, notamment Orange qui est actionnaire de Deezer. Et il y a fort à parier que beaucoup de ces clients n’ont pas connaissance de ce service dont ils peuvent bénéficier. Le Snep assure ne pas disposer des chiffres sur ces “abonnés-fantôme” mais des estimations non démenties font état d’un million de clients Orange concernés. SFR, qui avait mis en place un partenariat avec Spotify, a décidé, pour sa part, de ne pas renouveler l’opération jugée trop coûteuse. L’opérateur est désormais associé à l'américain Napster, moins connu par les utilisateurs de streaming.

Malgré tout, le streaming incarne aujourd’hui une véritable opportunité pour les professionnels de la musique. D’autant que, selon le Snep, le téléchargement légal est en recul de 10,3 % et les ventes physiques (CD et DVD) poursuivent également leur déclin (- 12,%). Après une hausse - la première en 11 ans - de 2,3 %, le marché du disque dans sa globalité est reparti dans le rouge en 2014. Il accuse un repli de 7,1% sur un an et un chiffre d'affaires de 100,3 millions d'euros sur les trois premiers mois de l’année.

Avec AFP