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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré souhaiter faire passer une loi qualifiant Israël d'État juif. Une requête qui suscite l'ire des Palestiniens, mais aussi de certains membres de son propre gouvernement.

Benjamin Netanyahou s’est engagé, jeudi 1er mai, à faire adopter une loi - à valeur constitutionnelle - affirmant le caractère juif de l’État d’Israël. "L'une de mes principales missions en tant que Premier ministre d'Israël est de défendre le statut de l'État d'Israël comme l'État national de notre peuple", a déclaré Benjamin Netanyahou lors d'un discours à Tel-Aviv, là-même où fut signée en 1948 la déclaration d’indépendance d’Israël en tant que foyer du peuple juif.

Une décision qui, sans surprise, est vue d’un très mauvais œil par les Palestiniens. Ils jugent qu’une telle définition serait discriminatoire envers la minorité arabe israélienne - environ un cinquième de la population - et reviendrait à nier le droit au retour des réfugiés palestiniens chassés par la guerre israélo-arabe de 1948.

Israël n’a pas de Constitution formelle mais 14 lois fondamentales adoptées par la Knesset (parlement) entre 1958 et 2001, qui définissent la nature des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, les droits civiques ou encore le statut de Jérusalem comme capitale indivisible de l’État hébreu. Mohamed Barakeh, un député arabe israélien du parti Hadash (gauche) a vivement critiqué la décision de Benjamin Netanyahou d’ajouter une quinzième loi en l’accusant de chercher à enterrer la paix.

"Je dois avouer que j’ai été surpris qu’il veuille en faire une loi fondamentale", a-t-il déclaré à Reuters. "J’ai observé ses actes pendant les négociations de paix. Je sais qu’il ne veut pas la paix et qu’il veut mettre des bâtons dans les roues du processus. Mais cette fois, il va trop loin."

"Une loi aux dépens des valeurs démocratiques"

Même au sein de son propre gouvernement, l'annonce de Netanyahou a été très mal accueillie. Tzipi Livni, ministre de la Justice et chargée des négociations avec les Palestiniens, a promis qu'elle ne laisserait pas passer une telle loi.

"Mme Livni s'est opposée par le passé à des initiatives en faveur des 'juifs' qui se font aux dépens des valeurs démocratiques, et elle le fera à l'avenir même si celui qui propose [la loi] est le Premier ministre", a indiqué sa porte-parole Mia Bengel sur Twitter.

Menachem Hofnung, un professeur de sciences politiques à l'université hébraïque, a estimé qu'une telle proposition n'aurait probablement pas la majorité dans le gouvernement. "Il existe déjà des lois stipulant qu'Israël est juif et démocratique", a-t-il rappelé. "Donc, je ne suis pas sûr de l'intérêt d'une autre loi, si ce n'est de mettre un nouvel obstacle au processus de paix".

La semaine dernière, le président américain Barack Obama a jugé nécessaire de faire une "pause" dans les discussions de paix, prenant acte de l'impuissance de l'administration américaine à combler le fossé entre les deux camps sur les questions cruciales: la sécurité, les frontières, la colonisation et Jérusalem.

Avec AFP et Reuters