Qui de l'américain General Electric ou l'allemand Siemens aura le dernier mot dans le rachat de la filière énergie d'Alstom ? Le groupe annonce "poursuivre sa réflexion stratégique" jusqu'à mercredi ; le gouvernement français veut arbitrer.
Le gouvernement français continue de freiner des quatre fers le rachat de la filière énergie d'Alstom par l'américain General Electric. Alors qu'un Conseil d'administration était en cours au siège du groupe Alstom, François Hollande a réuni dimanche soir à l'Élysée le Premier ministre, Manuel Valls, ainsi que les ministres Arnaud Montebourg et Ségolène Royal. Dans la foulée, l'Élysée a annoncé que François Hollande reçevrait le PDG de General Electric, lundi 28 avril, à 9h30, ainsi que les dirigeants de l'Allemand Siemens à 18 heures.
Le gouvernement français dit halte à la précipitation
Dimanche à la mi-journée, Arnaud Montebourg a appelé à ce que la décision finale ne soit pas prise dans la précipitation alors que l'allemand Siemens vient de se positionner dans ce dossier. "Compte tenu des enjeux stratégiques pour l'industrie et l'économie française, le gouvernement n'acceptera pas qu'une décision soit prise, quelle qu'elle soit, dans la précipitation", a fait savoir le ministre français, ardent défenseur du patriotisme économique, dans un communiqué. Si l'État n'est plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, le ministre a tenu à rappeler qu'Alstom vit "notamment de la commande publique et du soutien de l'État à l'exportation".
Dans cette optique, le gouvernement français, qui cherche activement à éviter un démantèlement du fleuron de l'instrustrie française, souhaite "disposer du temps nécessaire à un examen sérieux des propositions". Bercy entend ainsi obtenir des garanties en matière de "maintien et de créations d'emplois, d'investissements et de recherche-développement en France, ainsi que le maintien des centres de décision en France".
D'un côté, l'opération de GE vise l'achat des actifs du groupe français liés à l'énergie (équipements pour centrales thermiques, lignes à haute tension, énergies renouvelables, soit les divisions "Power" et "Grid"), qui représentent plus de 70 % de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros. La transaction est estimée à quelque 10 milliards d'euros, selon la presse.
"Créer deux champions européens"
De l'autre, le groupe allemand spécialisé dans les hautes technologies, mais également présent dans le secteur industriel, s'est dit prêt "à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future". Cette proposition allemande a de quoi surprendre car l’État français s’était opposé à un tel rachat en 2003-2004, quand Siemens devait sauver Alstom alors au bord de la faillite. Par ailleurs, le PDG d’Alstom, Patrick Kron, est vivement hostile à un rapprochement avec l’Allemand.
Pour Arnaud Montebourg, l'offre de Siemens -que le gouvernement français soutient- consiste à créer "deux champions européens et mondiaux dans les domaines de l'énergie et du transport, l'un autour de Siemens et l'autre autour d'Alstom". Mais Siemens, qui s'est gardé d'évoquer tout montant, n'est pas en mesure de proposer une offre similaire à celle de GE.
Alstom annoncera sa décision avant mercredi matin
Le ministre français a également fait savoir que son tête-à-tête avec le président de General Electric, Jeffrey Immelt, dimanche à Paris, a été "reporté" de quelques jours. Il souligne que si GE et Alstom "ont leur calendrier, qui est celui d'actionnaires", "le gouvernement français a le sien, qui est celui de la souveraineté économique".
Dimanche soir, Alstom semblait avoir entendu le ministre français. Le groupe a annoncé qu’il "poursuit et approfondit sa réflexion stratégique" et qu’il informera le marché d’ici mercredi 30 avril matin. Sans donner plus de précisions, Alstom a ajouté dans un communiqué que, dans l’intervalle, il a demandé que la cotation de son titre reste suspendu en bourse comme il l'est depuis vendredi à la demande de l'Autorité des marchés financiers.
Avec AFP et Reuters