
Quelques heures avant le conseil d'administration d'Alstom, qui doit étudier une offre de rachat de l'Américain General Electric de son pôle énergie, l'allemand Siemens s'est dit prêt, dimanche, à discuter coopération avec le français.
Signera ou signera pas ? Le conseil d'administration d'Alstom, qui doit se réunir dimanche 27 avril dans l'après-midi, pourrait se mettre d'accord avec l'americain General Electric (GE), qui a proposé de racheter sa filière énergie pour un montant de 9,4 milliards d'euros. Sauf que le groupe en difficultés financières pourrait préférer l'offre de Siemens, qui s'est positionné dimanche matin, à la demande du gouvernement français.
Le groupe allemand spécialisé dans les hautes technologies, mais également présent dans le secteur industriel, s'est dit prêt "à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future". Cette annonce a surpris les analystes car l’État français s’était opposé à un tel rachat en 2003-2004, quand Siemens devait sauver Alstom alors au bord de la faillite. Par ailleurs, le PDG d’Alstom, Patrick Kron, est vivement hostile à un rapprochement avec l’Allemand.
Enfin, Siemens, qui s'est gardé d'évoquer tout montant, n'est pas en mesure de proposer une offre similaire à celle de GE. Le groupe allemand a toutefois intérêt à contre-attaquer face à GE, qui, en cas de rachat, deviendrait un concurrent dans des domaines d’activité clés tels que les équipements électriques, les turbines, les lignes à haute tension...
Rencontre Montebourg-General Electric
Même si l'État n'est plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, la France cherche activement à éviter un démantèlement du fleuron de l'instrustrie française, la suppression d'emplois (18 000 actuellement en France), et le rapatriement des brevets aux États-Unis par GE. "C'est notamment le cas pour les éoliennes offshore dans lesquelles l'industriel français est en pointe avec son nouveau modèle Haliade 6 MW", a tenu à rappeler Éric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche.
Dans cette optique, le ministre de l'Économie et du Redressement productif, Arnaud Montebourg, doit rencontrer le président de General Electric, Jeffrey Immelt, à Paris dans la journée.
Si Arnaud Montebourg, ardent défenseur du patriotisme économique, a estimé que l'affaire devait être traitée "avec calme et sérénité", GE comme Alstom sont apparemment décidés à aller vite. Ils entendent signer un accord en fin de journée pour l'annoncer lundi 28 avril au matin, avant l'ouverture de la Bourse de Paris et la reprise de la cotation du titre Alstom, suspendue vendredi à la demande de l'Autorité des marchés financiers.
L'opération vise l'achat des actifs du groupe français liés à l'énergie (équipements pour centrales thermiques, lignes à haute tension, énergies renouvelables, soit les divisions "Power" et "Grid"), qui représentent plus de 70 % de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros. La transaction est estimée à quelque 10 milliards d'euros, selon la presse.
Avec AFP