
La Game Boy vient de fêter ses 25 ans. Un quart de siècle qui l’a consacrée au rang de star de la pop culture des années 1990. La stratégie de Nintendo pour imposer cette console reste un exemple à suivre pour l’industrie du jeu vidéo.
Les icônes de la pop culture des années 1990 se comptent par douzaines, mais rares sont celles qui ont, à l’image des Air Max ou du Walkman, envahi la planète. Au rang de ces symboles générationnels, la Game Boy trône assurément en bonne place.
La petite console portable de Nintendo, sortie au Japon le 21 avril 1989, célèbre cette semaine son quart de siècle. Un anniversaire on ne peut plus symbolique pour le constructeur nippon, qui domine outrageusement le marché du jeu nomade depuis, malgré l’arrivée récente des smartphones et l’émergence du "casual gaming" (jeu occasionnel, NDLR).
En 1989, Nintendo surfe sur le succès de sa console de salon, la NES, qui s’est déjà implantée dans de nombreux ménages malgré la concurrence de Sega et sa Master System. Les deux constructeurs lorgnent également sur le marché des consoles nomades, mais, déjà, leur stratégies divergent sensiblement.
Stratégie et technologie
Sega, avec sa Game Gear, dévoile une console portable à la pointe de la technologie d’alors. Le fleuron de la firme au hérisson bleu affiche un écran couleur et une puissance comparable aux consoles de salon, ce qui lui permet d’accueillir de nombreuses adaptations de jeux déjà sortis sur la Master System.
En face, Nintendo décide de jouer la carte de la sobriété. La Game Boy, dotée d’un simple écran noir et blanc, embarque des composants bon marché et des technologies déjà connues des développeurs. Un choix qui permet à Nintendo de vendre son produit deux fois moins cher que Sega.
Surtout, la Game Boy revendique une autonomie de près de 20 heures, avec seulement quatre piles. À titre de comparaison, la Game Gear fonctionne avec six piles et sa batterie ne dure guère plus de quatre heures. Cet avantage majeur facilitera considérablement la démocratisation de la Game Boy au détriment de la concurrence.
Marketing et ludothèque
Au-delà de son autonomie, si la Game Boy séduit, c’est aussi parce qu’elle est livrée avec le jeu Tetris, qui devient un véritable phénomène transgénérationnel. Le puzzle russe convient aussi bien aux enfants turbulents qu’aux jeunes cadres dynamiques et s’écoulera à plus de 30 millions d’exemplaires en quelques années. Mais c’est surtout en termes de ludothèque que Nintendo assoit sa domination. Les licences phares de Nintendo, qui ont déjà conquis un large public, bénéficieront toutes d’adaptations sur la petite portable. Mario, Zelda, Castlevania… Les titres proposés sur la Game Boy sont variés et séduisent un large public.
Second souffle
Au milieu des années 1990, la sortie des consoles de salon 32 bits et de leurs graphismes en 3D finissent de creuser le fossé entre les technologies émergentes et les graphismes désuets des consoles nomades d’antan. Pour les pontes de l’industrie, les joueurs pensent désormais en termes de polygones et les ventes de la Game Boy s’essoufflent en raison du peu de sorties récentes. Mais en 1996, alors que la Game Gear est déjà presque morte et enterrée (sa production cessera un an plus tard), Nintendo choisit la Game Boy pour accueillir ce qui reste à ce jour l’un de ses plus gros succès de licence : Pokemon.
"Attrapez-les tous !"
Le célèbre jeu de rôle, qui fonctionne sur l’échange de monstres, s’impose en quelques mois comme la nouvelle star des cours de récrés. Les ventes de la petite brique grise de Nintendo repartent à la hausse et les différentes versions de Pokemon (Rouge, Vert, Bleu en 1996, Jaune en 1998, Or et Argent en 1999 et Cristal en 2000) battent tous les records. La licence s’écoulera à plus de 85 millions d’unités, portée également par le succès commercial de la Game Boy Color, sortie en 1998.
La nomade de Nintendo sera produite jusqu’en 2003 et vendue à plus de 100 millions d'exemplaires dans ses différentes versions. Elle s’offrira même le luxe de survivre deux années à sa petite sœur, la Game Boy Advance, qui pavera la voie au succès de la Nintendo DS au milieu des années 2000.
Aujourd’hui encore, la Game Boy n’est pas totalement morte. Elle est devenue un objet pour collectionneurs, et certains constructeurs, à l’image de la société Lëkki, proposent des modèles customisés de la console à la vente.
Elle est également utilisée dans le cadre de la production d’œuvres musicales dites de "chip music", via des applications dédiées comme Little Sound DJ ou Nanoloop. Une fin de vie animée à laquelle toutes les pop stars des années 1990 n’ont pas forcément eu droit.
QUELQUES-UNS DES JEUX PHARES DE LA GAME BOY DE NINTENDO