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En pleine période de Pâques, les craintes d’une pénurie de chocolat, annoncée pour 2050, refont surface. La demande et les prix explosent, alors que l’offre s’amenuise.

La traditionnelle chasse aux œufs de Pâques pourrait prendre une tournure amère dans les prochaines années. Les prix risquent en effet de flamber, en raison d’une augmentation de la demande mondiale et d’une raréfaction de l’or brun. Plusieurs phénomènes sont à l’origine de cette future pénurie : la demande croissante des pays émergents, notamment la Chine, et une raréfaction de la précieuse fève, dont le cours a explosé depuis le début de l’année.

"La demande pour cette gourmandise grimpe en flèche, en particulier dans les marchés émergents, où les consommateurs s'enrichissent. Et les producteurs du monde entier luttent pour pouvoir produire suffisamment de cacao afin que le chocolat continue de couler à flots", indiquait fin février le "Wall Street Journal".

Un thon-crudités à la place d’un pain au chocolat ?

Selon l'Organisation internationale du cacao, qui estime que la demande en chocolat "devrait croître ces cinq prochaines années", tout indique que les œufs en chocolat seront bientôt troqués dans les jardins par des œufs de poule. La tonne métrique de cacao a ainsi atteint 1875 livres (2278 euros), vendredi 18 avril à la Bourse londonienne, contre 1567 livres (1967 euros) l’an dernier.

Mondelez, le premier acheteur mondial de chocolat (Milka, Suchard, Toblerone, Poulain…), a imaginé dans une série de vidéos un monde en pénurie de chocolat. À un client commandant un pain au chocolat, le pâtissier propose une alternative surprenante : "un thon-crudités". La célèbre marque canadienne Hershey a déjà commencé à utiliser du beurre de cacao en guise de substitut au chocolat dans plusieurs de ses produits. Pour les plus gourmets, il est encore temps de stocker quelques tablettes de ce qui deviendra peut-être un produit de luxe.

Une production non extensible

En cause, l’augmentation annuelle de 20 % de la consommation en chocolat des pays émergents comme l’Inde et la Chine, qui provoque une hausse des prix. La demande a même dépassé la production en 2008. "Une tendance qui se poursuivra, tant que les prix ne seront pas assez chers pour que la consommation puisse diminuer", analyse le site spécialisé Daily Bourse. Il prévoit par exemple qu’en Chine, "la demande en chocolat devrait croître de 5 % par an au moins jusqu'en 2018".

Autre problème : la production n’est pas extensible et peine à satisfaire les chocophiles. En 2013, la planète a consommé plus de 4 millions de tonnes de cacao, soit un bond de 32 % en à peine dix ans. Mais le cacaoyer est une plante fragile, malmenée par le réchauffement climatique et qui ne pousse pas partout. Près des trois quarts de la production du cacao provient de cinq pays : le Cameroun, le Ghana, l'Indonésie, le Nigéria et la Côte d’Ivoire, qui détient à elle seule 40 % du marché mondial. Or ces derniers ne sont pas en capacité d'investir pour accroitre leur productivité, d'autant plus qu'il faut au moins dix ans à un cacaoyer pour produire des fèves. Sans compter que de nombreux petits producteurs choisissent désormais de se tourner vers l'huile de palme et le caoutchouc, plus lucratifs .