Des coups de feu ont été entendus à l’aérodrome de Kramatorsk, à l'est de l'Ukraine, mardi, après que des soldats ukrainiens ont débarqué pour reprendre le contrôle de ce point stratégique passé sous le contrôle des séparatistes pro-russes.
L'armée ukrainienne a lancé une "opération spéciale" contre les séparatistes pro-russes, afin de reprendre le contrôle de l’aérodrome de Kramatorsk dans l’est du pays. C’est le président ukrainien par intérim, Olexander Tourtchinov, qui a annoncé, mardi 15 avril, la reprise de l’aérodrome dans le cadre d’une opération "par étapes", visant à chasser les insurgés pro-russes des nombreux bâtiments publics qu’ils occupent depuis plusieurs jours.
Selon l’agence de presse Interfax, un chasseur de l'armée de l'air a survolé la ville, puis quatre hélicoptères sont apparus au-dessus de l'aéroport. Deux de ces appareils ont débarqué des troupes sur la piste. Les militaires ont été accueillis aux cris de "Honte ! Repartez !" par des habitants occupant une barricade où flottaient des drapeaux russes, à l'entrée de l'aéroport.
Un peu plus tôt, des tirs d'armes automatiques provenant de l'aéroport avaient été entendus, alors que le chasseur survolait le secteur à basse altitude, ont déclaré des journalistes présents sur place, cités par Interfax.
Une colonne blindée ukrainienne se rapproche de Sloviansk
L’armée ukrainienne s’est également rapprochée de la ville de Sloviansk, localité de 120 000 habitants, contrôlée par des séparatistes pro-russes depuis samedi dernier. Le correspondant de FRANCE 24 en Ukraine, Gulliver Cragg, a pu constater que les forces spéciales ukrainiennes, soutenues par plusieurs blindés, n’étaient plus qu’à une quarantaine de kilomètres de la ville rebelle.
"J’ai vu 12 blindés et deux hélicoptères. On nous dit que près d’ici il y aurait plusieurs dizaines de blindés supplémentaires mais nous ne les avons pas vus", rapporte Gulliver Cragg depuis la localité d’Izioum, à 40 km au nord de Sloviansk.
"Les militaires disent qu’ils n’ont pas reçu l’ordre d’ouvrir le feu, que ce seront les troupes du ministère de l’intérieur qui seraient chargées d’effectuer cette opération anti-terroriste car il n’y a pas d’état d’urgence. Pour faire intervenir les forcées armées, il faudrait la déclaration d’un état d’urgence", ajoute le correspondant de FRANCE 24.
Ces mouvements militaires ukrainiens contribuent à rapprocher l’Ukraine de la guerre civile, selon le Premier ministre russe Dmitri Medvedev. "Je serai bref : l'Ukraine se trouve au bord de la guerre civile, c'est effrayant", a-t-il déclaré, cité par les agences russes, lors d'une conférence de presse.
Implication de militaires russes ?
Le général ukrainien Vassyl Kroutov, qui commande l’opération "anti-terroriste", a affirmé que certains de ces insurgés pro-russes non-identifiés étaient en fait des troupes spéciales du renseignement militaire russe (GRU) "qui ont une grande expérience des conflits".
"C’est un ennemi difficile" a concédé le général Kroutov en assurant que 300 soldats russes supplémentaires étaient arrivés lundi, la plupart à Sloviansk.
Le regain de tension sur le terrain était perceptible dans les réactions diplomatiques de Moscou et Washington. Alors que le Premier ministre russe Dmitri Medvedev s’inquiétait mardi après-midi d’un "pays au bord de la guerre civile", Washington a salué la "retenue" des forces de Kiev.
La Russie, qui a massé jusqu’à 40 000 soldats le long de sa frontière avec l’Ukraine selon l’OTAN, menace d’intervenir dans le conflit si les populations russophones venaient à être menacées.
Avec AFP et Reuters