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Dans un entretien accordé à FRANCE 24, lundi, l’écrivain algérien Yasmina Khadra a appelé ses compatriotes à participer massivement à l'élection présidentielle du 17 avril afin de "chasser" par les urnes le régime.

Dans un entretien accordé à FRANCE 24, lundi 14 avril, l’écrivain algérien Yasmina Khadra a appelé les Algériens à "chasser" par les urnes le régime et son candidat, le président sortant Abdelaziz Bouteflika. Il a lui-même tenté de se présenter à l’élection présidentielle du 17 avril, en vain, faute de parrainages suffisants.

Si après 15 ans au pouvoir et malgré de graves ennuis de santé, le chef de l’État algérien, qui brigue un quatrième mandat, est le grand favori du scrutin, le directeur du Centre culturel algérien de Paris, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, "refuse" de croire que la présidentielle est jouée d’avance. "Aucune bataille n’est perdue tant qu’elle n’a pas été engagée", affirme-t-il.

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Il concède cependant que les élections précédentes n’ont pas été transparentes - "à aucun moment, car c’est un sport national chez nous" - mais il appelle toutefois ses compatriotes à prendre leur destin en mains. "Je supplie les Algériens d’aller voter massivement et de veiller à ce que le scrutin soit transparent, pour chasser le régime par les urnes, et non par la violence ou la contestation stérile", plaide-t-il. Et d’ajouter : "si on laisse ces gens-là faire ce qu’ils veulent [en référence aux fraudes, NDLR], on ne pourra jamais les rattraper car ils ont une longueur d’avance sur le diable lui-même".

Le romancier s’estime investi d’une "mission sacrificielle", de part sa célébrité. "Si moi je suis incapable de lancer ce message, d’incarner ce symbole, qui pourrait le faire à ma place ? Je suis quand même l’Algérien le plus en vue dans le monde", souligne cet auteur traduit dans 41 pays.

"Un système autiste"

Yasmina Khadra appelle également à un changement de mentalité." Cette fatalité de croire que tout est verrouillé empêche l’Algérie d’avancer. Il suffit de bousculer tous les interdits pour aller vers le salut parce que l’on ne peut plus accepter aujourd’hui d’être les otages d’un système qui n’apporte rien au pays". Sans quoi, juge-t-il, le pouvoir algérien, "un système autiste" qui "ne veut pas céder, qui ne veut pas comprendre que le monde change", n’évoluera pas. "Croire que ce régime est capable de transcendance est une énormité, une obscénité, c’est pour cela que j’appelle les Algériens à aller voter".

À la question de savoir lequel des candidats à la présidentielle semble le plus à même d’incarner l’alternance, Yasmina Khadra estime qu’il s’agit d’Ali Benflis, ancien Premier ministre et principal rival d’Abdelaziz Bouteflika. "Le seul qui est vraiment capable de faire face à ce cartel, c’est Benflis", indique-t-il. Un homme, dont le mentor politique fût Abdelaziz Bouteflika, pourtant issu du régime qu’il dénonce.

"Que voulez-vous, on ne peut échapper au sérail, l’Algérie a toujours été sous camisole de force, nous étions tous dedans, mais ça ne voulait pas dire que l’on était complètement acquis à ces gens-là, se défend celui qui fut officier dans l'armée algérienne jusqu'en 2000. C’est le système du parti unique qui a squatté les esprits, qui a corrompu les consciences, mais je crois que Benflis est capable de se racheter aux yeux des Algériens".