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Les pro-russes de l'est de l'Ukraine tiennent toujours tête au gouvernement de Kiev, après l'expiration lundi matin de l'ultimatum fixé par Kiev. Une réunion d'urgence à l'ONU dimanche s'est achevée sans décision concrète.

Depuis 9h00 locales (8 h à Paris), l’ultimatum fixé par les autorités ukrainiennes aux séparatistes pro-russes pour qu’ils posent les armes dans l’est de l’Ukraine a expiré. Les rebelles ne se sont toujours pas pliés à l’injonction de Kiev. Depuis samedi, des séparatistes armés contrôlent deux bâtiments officiels à Sloviansk, ville d’environ 120 000 habitants, située à 150 km de la frontière russe.

Lundi, après l’expiration de l’ultimatum, le drapeau russe flottait toujours sur le QG de la police de la ville, et des hommes cagoulés continuaient d’occuper les barricades de sacs de sable devant le bâtiment. Un camion a fait son apparition, apportant des pneus à entasser au sommet de la barricade pour la renforcer.

Devant le siège de la police, un groupe d’une quarantaine de personnes, venus en signe de solidarité avec les séparatistes, se réchauffaient autour de feux allumés dans des barils de pétrole. Les séparatistes occupent en outre le siège local du SBU, les services secrets ukrainiens. Les écoles et les établissements d’enseignement supérieurs de la ville étaient fermés, et les parents avaient reçu pour consigne de garder les enfants chez eux.

Kiev menace d’employer la force

Le président ukrainien, Olexander Tourtchinov, a annoncé dimanche avoir déclenché une "opération antiterroriste à grande échelle" dans l’est de l’Ukraine avec la participation des forces armées. Selon lui, la Russie mène une guerre contre l'Ukraine et continue de semer le désordre dans l'est du pays, où, depuis samedi, des séparatistes armés ont mené plusieurs opérations dans des villes comme Donetsk, Sloviansk, Kramatorsk ou Marioupol.

Un recours à la force par les autorités pro-européennes de Kiev risque de provoquer une nouvelle confrontation avec la Russie. Le ministère russe des Affaires étrangères a prévenu par avance qu’une opération militaire de la part de l’Ukraine relèverait d’un "ordre criminel".

Moscou a sommé les autorités de Kiev de cesser "la guerre contre leur propre peuple". "La responsabilité d'éviter une guerre civile en Ukraine incombe désormais aux Occidentaux", avait déclaré le ministre russe des Affaires étrangères dans un communiqué, appelant l'Occident à "maîtriser" ses alliés ukrainiens.

Statut quo à l’ONU

Dans la nuit de dimanche à lundi, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni en urgence pour évoquer la situation en Ukraine. Convoquée par Moscou, cette réunion a rappelé l’incapacité actuelle des Occidentaux à prendre des mesures concrètes en raison des positions opposées avec la Russie. Les membres du Conseil ont accusé le Kremlin de préparer dans l’est de l’Ukraine une intervention analogue à celle de la Crimée ; la Russie a accusé Kiev de russophobie.

"Les images satellitaires montrent qu’il y a entre 35 000 et 40 000 soldats russes aux abords de la frontière avec l’Ukraine équipés d’avions de combat, de chars, d’artillerie et d’unités de soutien logistique", a déclaré l’ambassadeur du Royaume-Uni, Mark Lyall Grant, lors de la réunion du Conseil. "Cela s’ajoute aux 25 000 militaires russes basés illégalement en Crimée", a ajouté l’ambassadeur. Son homologue français, Gérard Araud, est allé dans le même sens.

L’ambassadeur de Russie auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine, a quant à lui estimé que de "nombreuses accusations erronées avaient été faites contre la Russie." Il a accusé le gouvernement de Kiev d’être responsable de l’agitation qui règne dans le sud-est de l’Ukraine et déclaré que la menace d’intervention militaire du gouvernement ukrainien dans la région constituait "un usage criminel de la force".

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'en est pris aux Occidentaux dont "l'hypocrisie dépasse les bornes". Lors d'une conférence de presse organisée lundi 14 avril, il a dénoncé le recours à la force contre les manifestants pro-russes, en estimant qu'il remet "sérieusement en question les perspectives de coopération dans le règlement de la crise ukrainienne." Et Lavrov d'ajouter : "Nous n'entendons aucune réaction. Nous n'entendons que des appels à la Russie pour qu'elle cesse de s'ingérer".

Avec AFP et Reuters

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