Un bocal d’air frais de Provence, récolté par l’artiste chinois Liang Kegang, a trouvé acquéreur pour 609 euros lors d’une vente aux enchères à Pékin. Cette performance vise à dénoncer la persistance de la pollution de l’air en Chine.
Un montant de 5 250 yuan, soit 609 euros, pour un bocal d’”air pur” de Provence. Le “made in France” a-t-il à ce point l’air en poupe en Chine ? C’est ce que pourrait laisser croire le succès d’une vente aux enchères inédite à Pékin que relate, jeudi 10 avril, le quotidien britannique “The Guardian”.
Mais que ceux qui voient dans l’air pur une nouvelle filière à exploiter au même titre que le luxe français calment leurs ardeurs entrepreneuriales. Le prix payé pour ce bocal tient avant tout à celui qui l’a mis en vente. C’est, en effet, l’artiste chinois Liang Kegang qui a proposé cette fragrance provençale à la vente après avoir effectué un voyage dans le sud de la France. Il s’agit donc d’une performance et les 609 euros récoltés viennent récompenser la démarche artistique avant tout.
Car pour Liang Kegang ce bocal représente le fait que “l’air pur devrait être le produit sans prix par excellence, libre d’accès pour tous y compris les vagabonds et les clochards”. Ce message a une actualité brûlante en Chine alors que la population se plaint de plus en plus des niveaux de pollution dans les grandes villes du pays comme Pékin.
Enterrement et morts symboliques
“Ces derniers temps, que ce soit à Pékin, Chengdu ou dans d’autres villes chinoises, la pollution de l’air est un problème sérieux que ce travail artistique illustre parfaitement”, a expliqué, au “Guardian”, Li Yongzheng, un artiste chinois qui a remporté la vente aux enchères. Il repart donc avec un bocal, rempli d’air de Provence, sur lequel est simplement indiqué le nom du village - Forcalquier dans l’arrière-pays aixois - accompagné de la signature de Liang Kegang.
Ce coup de griffe artistique aux autorités chinoises, qui peinent à faire baisser la pollution, n’est pas le premier du genre. En mars dernier, des artistes ont mis en scène l’enterrement imaginé du dernier habitant de la ville de Changsha (sud de la Chine), terrassé par la pollution. Le mois précédent, c’est à Pékin qu’une vingtaine d’artistes, portant des masques, ont mis en scène leur propre mort en plein cœur de la capitale chinoise.
Reste que l’air pur n’est pas qu’un concept artistique à la mode en Chine. Ainsi, Chen Guangbiao, un magnat du recyclage, vend réellement des canettes “d’air frais”. Elle coûte trois dollars chacune (2,16 euros) sur le site chinois Taobao, rappelle “The Guardian” qui avait fait en 2013 le portrait de ce multimillionnaire à la fibre environnementaliste assumée.