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La crise économique s'invite dans la campagne

Le président qui sortira des urnes au lendemain du scrutin du 22 avril sera confronté à une situation sociale délicate : en 2009, quelque 300 000 personnes devraient perdre leur emploi en Afrique du Sud.

Il y a encore une usine à louer dans la zone industrielle du Cap. Une entreprise de textile qui employait 2 000 personnes vient de fermer ses portes. Et, si l’on circule encore dans les locaux, c’est essentiellement pour régler les détails des indemnités de licenciement.

Après 21 ans de service, Clifton va en profiter pour prendre sa retraite. Mais, pour les plus jeunes, les retombées de la crise économique mondiale rendent le retour à l'emploi difficile. "Pour les jeunes, c’est effrayant parce que quand on voit le nombre d’usines qui ferment en ce moment, on se demande vraiment comment ils vont pouvoir retrouver du boulot !", lance celui-ci.

En Afrique du Sud, l’industrie textile est la troisième activité la plus touchée après les secteurs miniers et automobiles.

Au total, 300 000 personnes vont perdre leur emploi cette année en Afrique du Sud, comme dans de nombreux pays en voie de développement.

Étienne Vlok appartient à l'Union des travailleurs textile d’Afrique du Sud "On a une sérieuse chute de la demande en raison de l’état de l’économie sud-africaine. Les gens qui ont perdu leur boulot, que ce soit dans l’industrie automobile ou dans l’industrie textile, consomment moins", explique-t-il.

L’Afrique du Sud enregistre cette année une croissance négative - une première depuis 15 ans. Quant à la situation politique, elle ne rassure personne. Les milieux d’affaires attendent de connaître la politique économique du futur président pour prendre des décisions...

Si Jacob Zuma, le président de l’ANC reconnaît que "l’Afrique du Sud demeure une société inégale", il se dit confiant pour l'avenir : "Nous allons continuer à appliquer des politiques économiques qui permettront de combler ce fossé. L'une de ces politiques consiste à favoriser l’accession au pouvoir économique des Noirs. L’idée n’est pas de faire du mal à certaines minorités, mais de redresser les inégalités existantes."

Malgré son offensive de charme auprès de toutes les couches de la population, le patron de l'ANC inquiète les investisseurs comme Willie Spies, du syndicat Solidarité : "Franchement, nos membres sont très sceptiques à l’approche de la présidence Zuma. On attend de voir ce que ce gouvernement va faire."

Pour Zuma, le principal écueil réside dans son arrivée au pouvoir alors que la conjoncture est bien morose. Une fois élu, il devra en effet expliquer que les retombées de la crise mondiale couteront, cette année, au pays des centaines de milliers emplois...