Avec le retrait à venir des soldats tchadiens déployés en Centrafrique, les communautés chrétienne et musulmane s’inquiètent d'une probable flambée de violences à venir. Le premier défi des contingents de la MISCA sera de prévenir le bain de sang.
En Centrafrique, le retrait programmé des soldats tchadiens implique une redistribution des contingents de la force africaine, la MISCA, notamment pour protéger les musulmans qui attendent de fuir vers le Tchad. Impossible désormais pour les communautés musulmane et chrétienne de vivre dans la même ville.
Les journalistes de FRANCE 24 se sont rendus dans la dernière enclave musulmane de Bossangoa, à 305 km au nord-est de Bangui. Dans l’une des écoles de la ville, 500 personnes sont réfugiées et attendent avec grande inquiétude le départ des quelques soldats tchadiens qui patrouillent encore.
"Les anti-balakas sont en train de se promener avec des armes et ils font des tueries. Ils s’adonnent au pillage et sont en train d'assassiner les musulmans. Toutes les maisons des musulmans de Bossangoa ont été incendiées", explique Mahmad Adiallo, l’imam adjoint de Bossangoa.
Sur place, les activités des troupes tchadiennes sont réduites au minimum et les soldats préparent leur paquetage en prévision du retour au Tchad. Une perspective également présente pour les musulmans de Centrafrique, même si beaucoup refusent de croire que cet exil sera définitif.
"On doit revenir… On doit revenir parce qu'ici c'est notre village. On ne peut pas l’abandonner comme ça ! ", confie Garba Bouleye, un réfugié musulman.
Chez les chrétiens aussi, la peur est plus que jamais présente. Il ne reste que 600 des 42 000 déplacés qui s'étaient réfugiés à l'archevêché de la ville, lorsque la Seleka sévissait dans la région.
"Les deux communautés souffrent toujours et ce n’est pas fini. Des ex-Selekas sont repartis au Tchad, et d'autres se sont volatilisé dans la nature. Ils sont toujours sur le territoire centrafricain", explique l’abbé Frédérique Tonfieu.
Les 850 soldats tchadiens ont entamé leur retrait du pays au début du mois d’avril. Jeudi, la France doit soumettre au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution cruciale pour l’avenir du pays, prévoyant le déploiement de 12 000 casques bleus sur le territoire.