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Histoire : le grand médiéviste français Jacques Le Goff est mort

Jacques Le Goff, l'un des plus grands historiens français, est décédé, mardi 1er avril, à l'âge de 90 ans. Pendant sa longue carrière, il se consacra à l'anthropologie médiévale et fut l'un des principaux initiateurs de la "nouvelle histoire".

Mondialement reconnu pour son travail sur l’étude du Moyen Âge, l’historien français Jacques Le Goff est mort mardi 1er avril à Paris à l’âge de 90 ans, a annoncé sa famille au du journal "Le Monde".

Né à Toulon en 1924, ce Normalien, agrégé d’histoire, a profondément bouleversé notre vision de l’époque médiévale. Influencé par l’Ecoles des Annales de Lucien Febvre et de Marc Bloch et doté d’un talent de conteur, il n’a eu cesse de rendre cette période de l’histoire la plus vivante possible. Comme il l’expliquait en 2011 dans une interview au magazine "Le Point", contrairement aux clichés, le Moyen Âge ne fut pas une époque obscurantiste : "Des hommes et quelques femmes vont non seulement se consacrer à penser, à produire des ouvrages, mais aussi à en faire profession. Des spécialistes du savoir, les scolastiques, voient pour la première fois le jour. (…) Le Moyen Âge a été d'ailleurs d'une extrême sensibilité à la couleur. C'est un autre aspect de la recherche de la joie qui caractérise cette époque pleine de rires... "

La dernière émission des "Lundis de l’Histoire" présentée par Jacques Le Goff sur France Culture et consacrée à la peur au Moyen-Age (lundi 30 mars)

La "nouvelle histoire"

Considéré comme l’un des pères de la "nouvelle histoire", il s’est efforcé d’aborder l'histoire non pas comme une discipline spécifique mais en y incluant d'autres sciences sociales, culturelles ou économiques. Son premier livre, les "Intellectuels au Moyen Âge", publié en 1957, l’a tout de suite imposé, à l’âge de 35 ans, comme un historien des plus prometteurs. Suivront notamment "Marchands et banquiers au Moyen Âge" (1957), "L'imaginaire médiéval" (1985) ou une biographie de "Saint Louis" (1995), une quarantaine d'ouvrages au total, parmi lesquels "La naissance du purgatoire" (1981) restait son préféré.

Au cours de sa carrière, Jacques Le Goff a toujours mené une réflexion sur le métier d’historien avec notamment "Faire de l'histoire" (1986, avec Pierre Nora) ou "Histoire et mémoire" (1988). Très soucieux d’intéresser le plus grand nombre, il participait depuis 1968 à l’émission de France Culture les "Lundis de l’histoire", dont il était co-producteur.

Profondément ancré dans son temps, ce médiéviste n’hésitait pas non plus à quitter sa période de prédilection pour aborder l’époque contemporaine. Dans sa jeunesse, il a ainsi été marqué par le régime de Vichy. "Pétain est la plus grande tache sur l'histoire de France", avait-il ainsi confié au journal "Le Monde". Réquisitionné pour le service du travail obligatoire en 1943, il avait choisi de rejoindre la Résistance en réceptionnant des armes parachutées par les Anglais dans les Alpes. En 1948, il avait aussi été le témoin de la prise de pouvoir des communistes à Prague, alors qu’il était jeune chercheur en Tchécoslovaquie.

Docteur honoris causa de nombreuses universités à travers le monde, Jacques Le Goff avait été reçu plusieurs décorations. Il a notamment obtenu le Grand Prix national d’histoire en 1987, la médaille d’or du CNRS en 1991 et été fait Commandeur des Arts et des Lettres en 1997.

Avec dépêche AFP

Tags: Histoire, France,