Huit cas de fièvre hémorragique, dont un mortel, ont été enregistrés en deux jours dans la capitale guinéenne, jusqu'ici épargnée par l'épidémie. Tous ont été confirmés comme étant dus au virus Ebola. L'inquiétude grandit dans les pays voisins.
Le virus Ebola gagne du terran en Guinée. La capitale Conakry épargnée jusqu'ici est touchée par cette fièvre hautement contagieuse et mortelle, qui inquiète de plus en plus les pays voisins.
Selon un bilan communiqué vendredi 28 mars au soir par le ministère guinéen de la Santé, huit cas de fièvre hémorragique, dont un mortel, ont été enregistrés ces deux derniers jours à Conakry, ville située dans le nord-ouest du pays. Tous ont été confirmés comme étant dus au virus Ebola. Les personnes atteintes ont été placées à l'isolement à l'hôpital Donka, le plus grand de la capitale guinéenne.
Les habitants de Conakry interrogés par l'AFP vendredi étaient cependant effarés par la nouvelle de l'arrivée d'Ebola dans leur ville, parlant d'une "nouvelle malédiction divine" sur leur pays à l'histoire marquée par la violence politico-militaire et frappé par la pauvreté.
La détection de cas d'Ebola à Conakry est d'autant plus inquiétante que cette ville de plus de deux millions d'habitants est en grande partie insalubre : la plupart des quartiers ne disposent ni d'électricité ni d'eau potable alors qu'un des moyens de prévenir la maladie est d'avoir une bonne hygiène.
Soixante-dix décès
Si certaines précautions sont prises, la fièvre Ebola "n'est pas une maladie qui, normalement, fait un nombre élevé de victimes" contrairement à "la grippe ou d'autres maladies transmissibles", a rappelé à Genève le porte-parole de l'OMS, Gregory Härtl. L'OMS n'a pas l'intention d'édicter des restrictions de voyage vers la Guinée, a-t-il dit.
Depuis l'apparition des premiers signes le mois dernier dans le département de Dabola, dans le centre du pays, l'épidémie a déjà fait 70 morts dans le pays.
"Le cumul des cas suspects enregistrés de janvier au 28 mars 2014 donne un total de 111 cas suspects de fièvre hémorragique virale dont 70 décès (...) soit un taux de létalité de 63 %", affirme le ministère de la Santé.
À ce bilan guinée, s'ajoutent huit cas suspects - dont six mortels - de fièvre hémorragique virale au Liberia et six cas suspects - dont cinq mortels - en Sierra Leone, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
"Fortement préoccupée" par l'épidémie qui représente "une sérieuse menace régionale", la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) regroupant quinze pays dont la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, a appelé la communauté internationale à l'aide.
Il n'existe aucun vaccin ni remède contre le virus Ebola et seules des mesures préventives peuvent permettre de maîtriser l'expansion de l'épidémie, comme l'installation de centres d'isolement des malades et la désinfection systématique des domiciles des personnes atteintes.
Les organisations guinéennes et étrangères présentes en Guinée, dont l'OMS et Médecins sans frontières (MSF), s'activent depuis plusieurs semaines pour tenter d'enrayer la propagation de l'épidémie.
Avec AFP