Les sites en .berlin sont accessibles en ligne depuis mardi. La capitale allemande est ainsi la première ville au monde à avoir son propre nom de domaine. France 24 a pu parler au propriétaire d’une de ces nouvelles adresses.
Plus fort que Londres, Paris ou Tokyo. Berlin est devenue, mardi 18 mars, la première ville au monde à avoir officiellement sa propre extension internet, son .berlin. Une cinquantaine d’autres villes, dont Paris, New York ou Londres, ont également fait une demande en ce sens à l’Icann (l’organisaton internationale, basée à Washington, qui gère les noms de domaine) et devraient obtenir le leur dans les mois ou années à venir.
Paris ne va pas tarder à rejoindre Berlin dans le petit cercle des villes à disposer d'un nom de domaine propre. Les premiers sites en .paris seront opérationnels à partir du mois de mai 2014.
La municipalité a retenu 98 sites pionniers pour devenir les premières vitrines de ce nouvelle extension qui sera ouverte à tous en fin d'année. Le site de la Tour Eiffel, de la RATP ou encore du maroquinier Delsey sont parmi les heureux gagnants de cette première fournée de .paris.
Contrairement à Berlin, c'est la municipalité qui gère directement le dossier de son nom de domaine. Elle a prévu de facturer "quelques dizaines d'euros" par an l'utilisation d'un .paris.
Pour l’heure, seule la ville allemande peut se construire son petit village virtuel de sites internet qui, au lieu des traditionnels .com, .de ou .org, auront une adresse en .berlin. C’est la consécration de près d’une décennie de lobbying de la société dotBerlin. Elle milite depuis 2005, aussi bien auprès de la municipalité que de l’Icann, pour que Berlin soit un pionnier dans l’attribution des nouvelles extensions.
La municipalité d’abord réticente à l’idée de laisser une société privée gérer cette extension qui peut avoir une incidence sur son image, a finalement cédé, raconte le site allemand spécialisé dans les nouvelles technologies Heisse.de. Le paiement par dotBerlin de 500 000 euros la première année, puis la rente annuelle de 750 000 euros ont dû peser dans la balance.
De son côté, dotBerlin, qui touche une fraction de l’abonnement mensuel dont doit s’acquitter une personne qui veut un site en .berlin, espère que cette nouvelle extension attire le plus de monde possible. Cela semble bien parti : vingt minutes après l’apparition en ligne de ce nouveau nom de domaine, 20 000 sites internet avaient déjà enregistré une adresse berlinoise, raconte le site du quotidien “Tagesspiegel”. Ils étaient 50 000 après quelques heures.
Pas cher et qui peut rapporter gros ?
Wohnheim.berlin (un site immobilier) est la première adresse de ce nouveau genre à avoir été enregistrée, mardi. Mais, pour l’heure, la page de ce site n’affiche rien car ses propriétaires “n’ont pas eu le temps de créer du contenu”, explique le site du quotidien “Die Welt”. Bestatter-in.berlin, en revanche, a déjà un site complet. “J’ai simplement redirigé vers mon ancien site en .de”, explique à FRANCE 24 Robert Pankow, le propriétaire de cette adresse. Il assure qu’il est actuellement en train de travailler sur un contenu spécifique pour Berlin.
La démarche de cet entrepreneur de la région berlinoise illustre l’intérêt qu’un propriétaire de site peut trouver à choisir une extension géographique. À la tête d’une PME qui accompagne les proches de personnes décédées dans toutes leurs démarches administratives, Robert Pankow n’était jusqu’à présent actif qu’à la périphérie de la capitale allemande. “J’espère que ma nouvelle adresse va me permettre d’étendre mon activité dans Berlin en étant identifié comme une entreprise berlinoise”, explique-t-il.
Le pas a été d’autant moins difficile à franchir que le prix pour cette nouvelle adresse n’est actuellement pas très élevé. “L’abonnement mensuel est de 1,89 euros pour la première année, alors que mon site en .de me revient à 2,99 euros par mois”, note Robert Pankow. À partir de l’an prochain, il paiera 3,49 euros, mais il espère que d’ici là son entrée dans le cercle encore restreint des détenteurs d’un .berlin lui aura permis d’élargir sa clientèle.
Ce premier nom de domaine d’une ville est, a priori, destiné à des personnes qui comme Robert Pankow ont un lien avec la capitale allemande. Mais rien ne semble empêcher un internaute à l’autre bout du monde de déposer un nom de domaine en .berlin. “C’est vrai qu’on ne m’a posé aucune question pour s’assurer que mon site avait quelque chose à voir avec Berlin”, reconnaît Robert Pankow. Le .berlin risque-t-il de se transformer en auberge espagnole ? Peut-être que la société dotBerlin compte faire un nettoyage a posteriori en cas d’abus flagrant comme du cybersquattage. La société ne s’est en tout cas pas encore exprimée sur la question.