
Le mystère entourant le vol Malaysian Airlines MH370 reste entier, une semaine après sa disparition. Face au manque d’éléments disponibles, les scénarios plausibles sont multiples.
Alors que la Malaisie a dévoilé samedi que le changement de cap du vol MH370 a été opéré délibérément et que ses systèmes de communication ont été désactivés, plusieurs hypothèses restent plausibles pour expliquer cette mystérieuse disparition.
L’appareil et ses 239 passagers sont introuvables depuis une semaine. Voici plusieurs scénarios possibles évoqués par des experts du transport aérien.
● Une attaque terroriste ?
Les annonces de la Malaisie relancent l'hypothèse d'une action terroriste, envisagée peu après la disparition de l'avion lorsqu'on avait appris que deux Iraniens étaient à bord avec des passeports volés. Les autorités estiment que ces deux hommes étaient en fait des clandestins, en route vers l'Europe via Pékin.
L'avis des experts : La quantité d'informations et d'expertise requises pour la conduite d'un avion pendant plusieurs heures, en évitant d'être détecté, signalerait un niveau de préparation sans précédent, selon Gerry Soejatman, analyste indépendant à Jakarta.
"Si tout cela est vraiment délibéré, alors on est peut-être face à quelque chose qui va au-delà de la préparation des attentats du 11 septembre", estime-t-il.
L'une des zones qu'a pu survoler l'avion est truffée de radars, qui peuvent toutefois être évités si l'on vole très bas.
Mais Adam Dolnik, professeur à l'université de Wollongong en Australie, doute de la piste terroriste. "Pour quelque chose d'aussi énorme, il y aurait forcément eu une revendication".
● Un pilote impliqué ?
La Malaisie a indiqué que les systèmes de communication avaient été désactivés, avant que l'avion continue à voler pendant sept heures. Qu'ils l'aient été par le pilote, intentionnellement ou sous le coup d'un énorme stress, est possible.
L'avis d’un expert : La désactivation des systèmes et le changement de cap peuvent être l'œuvre d'un des deux pilotes, voire des deux, avance Paul Yap, expert en aviation à l'école Temasek Polytechnic de Singapour. Les pilotes peuvent aussi avoir été obligés de changer de trajectoire et de couper les transpondeurs, sous la menace de terroristes, ajoute-t-il.
● Un suicide du pilote ?
Les accidents aériens mortels causés par un suicide du pilote sont rares : moins de 0,5% des accidents, selon l'agence américaine de l'aviation civile.
En 1997, un Boeing 737 de la compagnie SilkAir assurant la liaison Jakarta-Singapour avait plongé dans une rivière, tuant les 104 passagers à bord. Les enquêteurs américains avaient conclu au suicide du commandant.
L'avis d'un expert : Un suicide "est possible et si c'était le cas, il n'y aurait pas beaucoup de débris parce que l'avion serait descendu en maintenant une intégrité structurelle", a noté Terence Fan, expert à la Singapore Management University.
Aucun indice allant dans les sens d'une instabilité psychologique du pilote ou du copilote n'a émergé depuis une semaine.
● L'avion a-t-il pu atterrir puis être dissimulé ?
L'absence de débris ou d'indices signalant un impact, ainsi que les sept heures de vol après la disparition des écrans radars civils, font espérer que l'avion a atterri et serait dissimulé dans un endroit reculé.
L'avis des experts : La taille d'un Boeing 777 et la surface nécessaire pour qu'il atterrisse rendent peu probable ce scénario, indique Greg Waldron, de la revue spécialisée "Flightglobal".
Mais Paul Yap, de Temasek Polytechnik, juge que si la personne aux manettes de l'appareil était suffisamment douée pour échapper aux radars, "elle avait alors certainement la capacité d'atterrir quelque part".
● Peut-il s’agir d’une conspiration ?
La lenteur des autorités malaisiennes à révéler des données clés sur les contacts satellite et radar poussent certains à penser que les pays de la zone connaissaient le trajet suivi par l'avion mais ne voulaient rien dire, par peur de dévoiler trop d'élements sur leur sécurité et leur défense.
L'avis d’un expert : Au regard des indications fournies samedi par la Malaisie sur les routes qu'a pu emprunter le vol MH370, Gerry Soejatman se demande comment un avion aurait pu traverser cette zone sans être détecté. "S'il a volé dans le couloir du nord, il a traversé plusieurs pays. Pourquoi personne n'a rien détecté, ou du moins rien signalé ?".
Avec AFP