Attaquée par l’opposition sur l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, s’est défendue, jeudi, des accusations "d’espionnage politique", sans jamais se départir de son sourire et de son ironie.
"J’ai beau être une sorcière d’Amazonie, j’ai des limites à mon pouvoir", a-t-elle ironisé face aux accusations d’espionnage politique lancées par l’UMP dans l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy. La garde des Sceaux française, Christiane Taubira, réputée pour sa repartie, n’a pas failli à sa réputation en gardant le sourire face à la polémique.
"Comment ça s’est passé Madame la ministre ?", lui ont lancé plusieurs journalistes à sa sortie de l’Élysée, jeudi 13 mars, après que cette dernière a été convoquée par le président, François Hollande. "À me désespérer, à m’abattre !", a-t-elle répondu dans un large sourire, avant d'enfourcher son vélo.
Christiane Taubira a affirmé à plusieurs reprises ne "pas avoir menti". Elle a également assuré ne pas avoir le sentiment d’être lâchée par le gouvernement. En effet, tous les socialistes ont tenté, jeudi, de reprendre la main sur le délicat dossier en défendant la ministre, fragilisée par ses déclarations contradictoires sur les écoutes judiciaires visant l’ancien président. Michel Sapin, Benoît Hamon, Marylise Lebranchu et certains députés PS sont montés au front dans les médias pour défendre la garde des Sceaux, dont l'UMP a réclamé la démission.
Dans un entretien publié plus tôt jeudi par le site Internet du "Monde", Christiane Taubira affirmait également avoir la confiance du chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault. "Le Premier ministre ne me dément pas. Il dément ce que hurle la droite. Je n’ai aucun sentiment de lâchage", a-t-elle déclaré. Selon le chef du gouvernement, "il n'y a pas de raison de jeter le soupçon sur l'institution judiciaire, ni d'inventer quelque procès politique que ce soit. [...] Nous sommes dans un État de droit, des informations judiciaires sont en cours. Toutes les règles ont été scrupuleusement respectées. C'est ce qui compte. Aucune instruction individuelle n'a été donnée par l'exécutif, donc par la garde des Sceaux", a assuré le Premier ministre.
"En fait, c’est l’opposition qui fait les lignes éditoriales"
Devant les caméras de TV5 Monde, la ministre de la Justice s’est déclarée "effarée" par la tournure prise par des évènements censés n’embarrasser - au départ - que l’ancien président Nicolas Sarkozy et ses proches, objets d’écoutes téléphoniques dans le cadre d’une enquête judiciaire. "En fait c’est l’opposition qui fait les lignes éditoriales, c’est extraordinaire à constater", a-t-elle ironisé.
La garde des Sceaux, qui disait ne pas avoir d’informations sur le contenu de la procédure visant l’ancien chef de l’État, a brandi imprudemment, mercredi 12 mars, lors d’une conférence de presse des documents prouvant, selon elle, sa bonne foi. Ces derniers ont été photographiés et publiés par "Le Monde". Or, ces courriers montrent que le Procureur national financier et le parquet général donnent bien la substance des écoutes, même s’il n’y a pas d’extraits, ni la date à laquelle elles ont été décidées.
Considérant que Christiane Taubira a menti une nouvelle fois mercredi, le président de l’UMP, Jean-François Copé, a jugé inéluctable la démission de la ministre de la Justice. "À partir de combien de mensonges doit-on considérer que Taubira ne peut plus exercer sereinement ses fonctions ?", a-t-il déclaré sur RTL, accusant aussi Jean-Marc Ayrault et le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, d’avoir menti.
N'en démordant pas, invitée du Grand Journal sur Canal + jeudi soir, Christiane Taubira a une nouvelle fois affirmé n’avoir jamais menti, tout en admettant s’être "trompée de dates".
Avec Reuters