Au lendemain de sa conférence de presse, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, accusée par l'opposition d'avoir "menti" en affirmant tout ignorer des écoutes effectuée sur Nicolas Sarkozy, n'a pas convaincu la presse.
Christiane Taubira n’a pas convaincu la presse. Lors d'une conférence de presse organisée mercredi 12 mars à l'issue du Conseil des ministres, la garde des Sceaux a répété qu'elle n'avait pas eu d'informations sur la date, la durée et le contenu des écoutes téléphoniques sur Nicolas Sarkozy, brandissant les notes reçues par son cabinet. Mais les documents qu'elle tenait la contredisaient.
Après avoir braqué ces derniers jours toute leur attention sur la droite, empêtrée dans les affaires Copé, Buisson et Sarkozy, les éditorialistes tirent à boulets rouges, jeudi, sur la ministre de la Justice, engluée dans ses contradictions.
Pour "Le Monde", "la ministre de la justice est disqualifiée". Fabrice Rousselot ajoute dans "Libération" que "la faute politique de Christiane Taubira est évidemment du pain béni pour l'UMP".
Titrant sur "le mensonge d'État", "Le Figaro" est le seul à demander son départ, joignant sa voix à la droite. Le directeur des rédactions du quotidien, Alexis Brézet, écrit que "dans une France qui serait à la hauteur des exigences que les Français placent en elle, la démission de la garde des Sceaux et celle du ministre de l'Intérieur auraient déjà été remises au président de la République - et acceptées".
"Les affaires ont donc changé de sens"
Ciblant lui aussi la "faute" de la ministre, le quotidien communiste "L'Humanité", sous la plume de Maurice Ulrich, tacle néanmoins l'UMP qui trouve là l'occasion "de se présenter de nouveau en robe de lin blanc, candide et innocente. C'est trop facile".
"L'équipe Ayrault n'a pas su exploiter cette mine pour discréditer l'opposant. Pis, il s'est pris tout seul les pieds dans le mensonge", commente Cécile Cornudet dans "Les Échos". Conséquence, relevée par Hervé Cannet dans la "Nouvelle République du Centre-Ouest" : "De manière spectaculaire, les affaires ont donc changé de sens".
Pour Jacques Camus, de "La Montagne/Centre-France", "jamais ne fut aussi criante l'absence de pilotage de l'exécutif sur un dossier sensible". Dans un tel contexte, l'avenir de Christiane Taubira à la Chancellerie paraît compromis.
"Difficile de sauver le soldat Taubira"
"Christiane Taubira n'est pas la secrétaire d'État en charge de notre divertissement. Elle est la ministre régalienne de la Justice. Elle doit avoir le sens des mots et la maîtrise de ses arguments", assène Jean-Pierre Tenoux dans "L'Est républicain".
"Nous ne sommes pas aux États-Unis, où le mensonge a jadis poussé un président vers la sortie. Mais, si Christiane Taubira a résisté à plusieurs ‘manif pour tous’, cette ‘manip pour tous’ pourrait bien sceller son sort Place Vendôme", estime Bruno Dive de "Sud Ouest".
"En politique, les demi-mensonges ne font pas de demi-dégâts [...] Dans ces conditions, difficile de sauver le soldat Taubira", juge Patrice Chabanet dans le Journal de la Haute-Marne.
Avec l'AFP