Les portefeuilles des plus grandes fortunes russes et ukrainiennes ont perdu 12,8 milliards de dollars de valeur dans la journée du lundi 3 mars. Pour ces influents oligarques, la crise ukrainienne nuit aux affaires.
Le 3 mars 2014 restera pour les milliardaires russes et ukrainiens un bien mauvais souvenir. Au premier jour de cotation en bourse après un week-end marqué par la menace grandissante d’une action armée russe en Crimée, leur fortune a pris une sérieuse claque sur les marchés. Certes, le ton moins va-t-en guerre adopté dès le lendemain par Vladimir Poutine a depuis rassuré les places financières. Mais la débâcle boursière du début de semaine prouve que les “grandes fortunes russes ont le plus à perdre dans une éventuelle guerre en Ukraine”, rappelle la chaîne économique américaine Bloomberg.
Au total, ce sont près de 13 milliards de dollars perdus, lundi 3 mars, par les oligarques russes et ukrainiens présents sur la liste des 400 plus grosses fortunes mondiales de la liste Bloomberg. Une conséquence directe de la panique des investisseurs face à l’escalade militaire de la crise en Crimée qui ont vendu une partie de leurs avoirs russes par précaution. La bourse de Moscou a perdu 13 % en une journée. Elle a repris quelques couleurs le lendemain, mais sans parvenir à effacer toutes les pertes de ce lundi noir.
Une panique financière particulièrement violente pour Leonid Mikhelson, le PDG russe du géant gazier Novatek, et son acolyte Guennadi Timtchenko, milliardaire finlandais et actionnaire de référence de ce mastodonte du secteur de l’énergie. Leur portefeuille a perdu 3,2 milliards de dollars (2,33 milliards d’euros) avec la chute boursière de Novatek (-18 %).
Vladimir Lissine, le roi de l’acier russe, a également pris une sérieuse claque boursière. Son entreprise, Novolipetsk Steel, a perdu 7 % en bourse. La huitième fortune russe a, du coup, souffert d’une perte de 1,2 milliard de dollars (873 millions d’euros). D’autres, comme Vagit Alekperov, le patron du numéro 1 du pétrole russe Lukoil, ou Rinat Akhmetov, l’homme le plus riche d’Ukraine et président du club de football Shakhtar Donetsk, ont aussi vu leurs avoirs fondre de plusieurs centaines de millions de dollars.
LVMH aussi
Les pertes boursières des oligarques russes ou ukrainiens représentent près du tiers des 44 milliards de dollars (32 milliards d’euros) engloutis par la panique boursière à travers le monde lundi. Parmi les grandes fortunes occidentales, le Français Bernard Arnault a particulièrement souffert, rapporte Bloomberg. La valeur de son empire du luxe LVMH, “très prisé par les riches russes”, explique la chaîne américaine, a perdu près d’un milliard de dollars. Mais contrairement à ses homologues russes, LVMH est déjà presque revenu à son niveau de la fin de semaine dernière.
Les milliardaires qui ont construit leur fortune dans l’ombre du Kremlin risquent de souffrir financièrement “pendant encore plusieurs mois”, affirme au site économique BusinessWeek Lilit Gevorgyan, économiste au cabinet de conseil britannique IHS. Cette prédiction se fonde sur le précédent géorgien. La guerre éclair menée par la Russie en 2008 contre la Géorgie s’était déjà traduite par une fuite massive des capitaux ayant fait souffrir en bourse les grands groupes nationaux pendant des mois.
Les investisseurs étrangers avaient alors retiré plus de 290 milliards de dollars (211 milliards d’euros) de Russie, d’après une analyse de la banque française BNP Paribas. Cette fuite des capitaux avait fait perdre 230 milliards de dollars (167 milliards d’euros) aux 25 Russes les plus riches. Nul doute que ces influents hommes d’affaires n’ont aucune envie de revivre pareille mésaventure. D’autant que l’Ukraine est autrement plus importante que la Géorgie tant économiquement que stratégiquement. Les pertes risqueraient donc, en cas de conflit armé, d’être encore plus conséquentes.