
Deux policiers égyptiens, accusés d’avoir battu à mort le blogueur Khaled Saïd en juin 2010, ont été condamnés par la cour de cassation à dix ans de réclusion. Un verdict plus sévère que lors du premier procès, qui s'était tenu en 2011.
Lundi 3 mars, la justice égyptienne a condamné deux policiers à dix ans de réclusion pour le rôle qu’ils ont joué dans le décès de Khaled Saïd, un jeune blogueur battu à mort en juin 2010. Il était devenu une icône de la révolte qui renversa Hosni Moubarak début 2011.
Les deux agents avaient déjà été condamnés en octobre 2011 à sept ans de prison, avant que la cour de cassation n'ordonne la tenue d'un nouveau procès. Le juge a prononcé son verdict alors que les deux accusés, détenus depuis trois ans, et vêtus de la tenue blanche des prisonniers se tenaient derrière le grillage du box des accusés.
Les avocats de la famille du blogueur, mort à l'âge de 28 ans, avaient réclamé 15 ans de prison.
Me Mahmoud Abderrahmane, l’un de ces avocats, a déclaré que ce verdict rendait "justice à tous" et envoyait un signal fort de "dissuasion, à un appareil assez puissant, celui de la police". "Ce jugement montre que les responsables d'atteintes aux droits de l'Homme au sein de la police devront répondre de leurs actes", a-t-il expliqué.
Le magistrat chargé d’assurer la défense des deux accusés, Ehab Abdelaziz, a pour sa part confié n'être "pas satisfait du verdict". Il a indiqué qu'il allait saisir la Cour de Cassation.
À l'extérieur, les parents des deux policiers, Mahmoud Salah Mahmoud et Awad Ismaïl Souleimane, se sont insurgés contre un "verdict injuste" après avoir été évacués de la salle d'audience au moment de l'annonce. "Vous avez vendu vos hommes !", ont-il scandé à l’endroit des policiers présents sur les lieux.
Mort par asphixie
Les deux policiers étaient notamment accusés d'avoir procédé à une arrestation sans raison et pratiqué des actes de torture sur Khaled Saïd, arrêté dans un cybercafé d'Alexandrie, la deuxième ville d'Égypte sur la côte méditerranéenne, puis battu à mort.
Le décès du blogueur avait provoqué la colère des militants pro-démocratie sur Facebook. Une page intitulée "Nous sommes tous Khaled Saïd" avait été créée sur le réseau social à sa mémoire. C'est sur cette page qu'avait été lancé l'un des premiers appels à la révolte contre le régime de Hosni Moubarak, contraint à la démission en février 2011.
La police avait d'abord affirmé que le jeune homme était décédé après avoir avalé un sachet de drogue au moment de son arrestation, malgré des photos ayant circulé sur internet et montrant son visage écrasé et déformé.
Des experts médicaux avaient par la suite expliqué dans un rapport que Khaled Saïd était en réalité mort par asphyxie après avoir été battu. Un sac avait été placé dans sa bouche alors qu'il était inconscient, précisait le document.
Avec AFP