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La "conférence de la paix" convoquée ce mercredi par le président vénézuélien Nicolas Maduro pour tenter de calmer la grogne se tient sans Henrique Capriles. La figure de l'opposition a décliné l'invitation.

Journée cruciale pour Nicolas Maduro. Confronté à trois semaines de protestation dont il est la principale cible, le président du Venezuela doit entamer ce mercredi 26 février un dialogue national afin d'apaiser la grogne. Les modalités de cette conférence "pour la paix" n'ont toutefois pas été détaillées par la présidence. Tout juste sait-on que "tous les courants sociaux, politiques, corporatistes et religieux" ont été invités.

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"Le destistement de Carpiles condamne presque cette réunion"
L'opposition vénézuélienne rejette l'idée d'un "dialogue national"

Sauf que Henrique Capriles, battu d'un cheveu par Nicolas Maduro lors de l'élection présidentielle d'avril 2013, a déjà annoncé qu'il n'y participerait pas. Il s'est dit lassé des "mensonges" du président et de la répression policière contre la jeunesse. Malgré cette absence, le chef de l’État vénézuélien reste convaincu que "de grands accords vont être conclus" lors de cette conférence.

"Le désistement de Capriles condamne presque cette réunion, commente Pierre-Philippe Berson, correspondant de FRANCE 24 à Caracas. Ce grand dialogue national peut se transformer en un rassemblement entre ‘chavistes’ (partisans du défunt président Hugo Chavez), entre sympathisants du régime."
"Il faut d'abord reconnaître l'opposition"
Mais au sein même de son propre camp, Nicolas Maduro ne semble plus faire l'unanimité. Jose Gregorio Vielma Mora, gouverneur du parti au pouvoir dans l'État de Tachira (ouest), a qualifié, lundi 24 février, de "grave erreur" l'arrestation de l'opposant Leopoldo Lopez, détenu dans une prison militaire depuis huit jours et accusé notamment d'incitation à la violence. Au pouvoir depuis 11 mois, le président vénézuélien, héritier politique de Hugo Chavez (1999-2013), ne fédère pas autant que son prédécesseur.

Par ailleurs, cette "conférence de la paix" rend également sceptiques plusieurs analystes. "Pour qu'il y ait de vraies négociations, il faut d'abord que Nicolas Maduro reconnaisse l'opposition, commentait mardi sur FRANCE 24 Renée Frégosi, spécialiste du Venezuela à l'Institut des Hautes études de l'Amérique latine. Elle rappelle que les différentes tentatives de négociations n'ont été que de simples exercices de communication.  En décembre 2013, le président vénézuélien avait ainsi appelé les maires et gouverneurs de l'opposition à un dialogue sur le thème de l'insécurité auquel il n'a lui-même jamais donné suite.


Affaiblissement de la mobilisation
Mardi 25 février, le mouvement de protestation contre l'insécurité et la vie chère a montré quelques signes d’essoufflement. Seuls quelques dizaines de jeunes ont répondu présent à l’appel des étudiants vénézuéliens pour une nouvelle marche. Des heurts entre jeunes gens masqués et forces de l'ordre se sont toutefois poursuivis. Le bilan depuis le début du mouvement est de 14 morts, dont au moins huit par balles, et de 140 blessés.
Dans un geste d'apaisement, la responsable du ministère public, Luisa Ortega, a annoncé que la justice entendait faire la lumière sur tous les cas présumés de violations des droits de l'Homme dénoncés depuis trois semaines.
Nicolas Maduro a plusieurs fois dit voir dans ces troubles urbains la main de l'opposition soutenue par les États-Unis et l'ex-président colombien conservateur Alvaro Uribe. Ces "ennemis du pays" sont, selon lui, décidés à provoquer un "coup d'État" contre son gouvernement.

Avec AFP et Reuters