La mobilisation des étudiants vénézuéliens contre la vie chère et l'insécurité se poursuit. Le président Nicolas Maduro propose une "conférence de la paix" mercredi pour tenter de dialoguer avec l'opposition. Une tentative qui semble vouée à l'échec.
Dans les principales villes du pays, la mobilisation ne semble pas faiblir. Les jeunes manifestants ont installé, lundi 24 février dans la capitale vénézuélienne, de nombreuses barricades, des matelas, du mobilier urbain, ou encore des poubelles et des pneus incendiés, bloquant les rues principales et provoquant la colère des automobilistes. La confrontation a toutefois pu être évitée avec les forces de l'ordre.
La tension était encore plus palpable à Valencia, la troisième ville du pays. Des policiers ont tiré balles en caoutchouc et grenades lacrymogènes sur des jeunes qui bloquaient les routes. À San Cristobal (ouest), où a débuté le mouvement étudiant le 4 février, les brigades anti-émeutes ont dispersé des manifestants à coups de gaz lacrymogène. En marge de ces incidents, un jeune est mort après avoir chuté d'un toit.
Pourtant, Nicolas Maduro, principale cible des manifestants, a annoncé vouloit organiser une "conférence de la paix" mercredi. Pour cette occasion, le président vénézuélien a invité "tous les courants sociaux, politiques, corporatistes, religieux" du Venezuela, y compris les gouverneurs des 23 États du pays.
Le refus de Capriles
Parmi les personnalités conviées se trouve Henrique Capriles, un des principaux dirigeants de l'opposition. Le gouverneur du riche État de Miranda (nord), qui a été battu de peu lors de la présidentielle d'avril 2013, a annoncé sur son compte Twitter qu'il ne participerait pas à la réunion, dénonçant "répression et violations des droits humains".
Depuis trois semaines, le mouvement de protestation des étudiants, qui s'insurgent contre l'insécurité et la vie chère, a plusieurs fois dégénéré en violences en marge de marches pourtant souvent pacifiques. Le bilan s'élève à 14 morts, dont au moins huit par balles, et 140 blessés, selon des chiffres officiels et un décompte de l'AFP. Dans un geste d'apaisement, la responsable du ministère public, Luisa Ortega, a annoncé que la justice entendait faire la lumière sur tous les cas présumés de violations des droits de l'homme dénoncés depuis trois semaines.
Mais au sein même de son propre camp, Nicolas Maduro ne semble plus faire l'unanimité. Lundi, Jose Gregorio Vielma Mora, gouverneur du parti au pouvoir dans l'État de Tachira (ouest), a qualifié de "grave erreur" l'arrestation de l'opposant Leopoldo Lopez, détenu dans une prison militaire depuis près d'une semaine et accusé notamment d'incitation à la violence. Au pouvoir depuis 11 mois, le président vénézuélien, héritier politique de Hugo Chavez (1999-2013), ne fédère pas autant que son prédécesseur.
"Il faut d'abord reconnaître l'opposition"
Par ailleurs, cette "conférence de la paix" rend également sceptiques plusieurs analystes. "Pour qu'il y ait de vraies négociations, il faut d'abord que Nicolas Maduro reconnaisse l'opposition, commente sur France 24 Renée Frégosi, spécialiste du Venezuela à l'Institut des Hautes Études de l'Amérique Latine. Elle rappelle que les différentes tentatives de négociations n'ont été que de simples exercices de communication. En décembre dernier, le président vénézuélien avait ainsi appelé les maires et gouverneurs de l'opposition à un dialogue sur le thème de l'insécurité auquel il n'a lui-même jamais donné suite.
Nicolas Maduro voit dans ces troubles urbains la main de l'opposition soutenue par les États-Unis et l'ex-président colombien conservateur Alvaro Uribe. Ces "ennemis du pays" sont, selon lui, décidés à provoquer un "coup d'État" contre son gouvernement.