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Cameroun : le Français Atangana libéré après 17 ans de prison

Le Français Thierry Michel Atangana, emprisonné depuis 1997 pour détournement de fonds publics au Cameroun, où il travaillait sur un projet autoroutier, a été libéré lundi soir à Yaoundé après 17 ans de détention.

Le Français Thierry Michel Atangana, détenu depuis 1997 au Cameroun pour une affaire de détournement de fonds publics qu'il niait, a été libéré lundi en fin de soirée à Yaoundé après un décret présidentiel de remises de peine, a annoncé son avocat, Charles Tchoungang.

M. Atangana a été "libéré nuitamment", a déclaré l'avocat devant la résidence de l'ambassadrice de France au Cameroun, où le Français d'origine camerounaise a été conduit après sa sortie de prison.

Le décret signé par le président camerounais Paul Biya, publié mardi 18 février, prévoyait des remises de peines collectives, dont celle de M. Atangana. Le principal concerné ignorait tout quelques heures encore avant sa libération. "Dans l’après midi mon père ignorait toujours qu’il allait être libéré le soir", explique à France 24 son fils Eric Atangana.  "C’est dans la soirée qu’on l’a su. Qu’il est enfin gain de cause c’est magnifique pour lui et pour nous", s'est réjouit le jeune homme.

Ce texte "ordonne une remise totale de la peine restant à purger" pour les personnes condamnées pour détournement de fonds publics et "dont la détention a été supérieure à 10 ans", expliquait sur FRANCE 24 Me Eric Dupond-Moretti, son avocat français, après l'annonce du décret présidentiel. Emprisonné depuis 1997, son client remplissait les conditions requises.

Âgé de 48 ans, Thierry Michel Atangana avait été condamné en 2012 à 20 ans de prison au Cameroun. Une situation ubuesque pour ses avocats qui dénonçaient deux condamnations pour les mêmes faits.

Proche d'un opposant à Paul Biya

Le Français avait en effet déjà été condamné une première fois avec un ancien proche du président camerounais Paul Biya, Titus Edzoa, pour le détournement de 1,1 milliard de francs CFA (1,6 million d'euros) et la tentative de détournement de 59,4 milliards de francs CFA (90 millions d'euros).

Ancien secrétaire général de la présidence camerounaise, Titus Edzoa était l'un des personnages les plus puissants du régime de Paul Biya à la fin des années 80. Il avait brusquement démissionné en avril 1997, annonçant dans la foulée sa candidature à la présidence, avant d'être arrêté quelques jours plus tard.

Présenté comme un proche de Titus Edzoa, M. Atangana avait été envoyé au Cameroun en 1994 par son employeur pour des projets routiers. La présidence camerounaise lui avait confié la direction d'une structure de travaux publics.

Le condamné a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés et Me Dupond-Moretti estime que son procès a été "une parodie de justice". Les avocats de M. Atangana ont déposé plainte à Paris en décembre 2013 contre trois ministres camerounais pour détention arbitraire.

En janvier 2013, le président François Hollande avait écrit au prisonnier pour l’assurer de son "attention particulière en vue d'une issue rapide". Il avait par la suite rencontré le président Biya avant de juger "inadmissible" la durée de détention de M. Atangana.