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Décès d'Antoinette Fouque, figure historique du féminisme

Co-fondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF), Antoinette Fouque est décédée dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris. Figure historique du féminisme en France, elle avait 77 ans.

Antoinette Fouque, figure emblématique du féminisme français et co-fondatrice du Mouvement de libération des femmes (MLF), est décédée dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris à l'âge de 77 ans. L’annonce a été effectuée par .

L'annonce de son décès, vendredi 21 février au soir, "ses amies du MLF" a suscité un grand nombre de réactions. Dans un communiqué, la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a notamment évoqué "une grande perte".

Pour la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, cette "militante inlassable de la ‘féminologie’, psychanaliste, députée européenne [...] fut aussi une figure culturelle majeure".

Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a quant à lui, salué la mémoire d'Antoinette Fouque, "grande militante de la cause des femmes, qui a œuvré tout au long de sa vie pour le mouvement féministe et la conquête inlassable de nouveaux droits".

Antoinette Fouque avait cofondé le MLF avec Monique Wittig et Josiane Chanel en octobre 1968, dans la foulée de Mai 68, "en réaction contre le virilisme du mouvement étudiant". Une aventure qui avait aussi constitué pour elle "une libération joyeuse", avait-elle expliqué.

Créatrice et directrice des éditions des Femmes (1973), elle fut l'animatrice du groupe "Psychanalyse et Politique", l'un des courants majeurs du féminisme en France.

Elle avait aussi exercé un mandat de députée européenne (Radicale) de 1994 à 1999.

Née Grugnardi, le 1er octobre 1936 à Marseille (Bouches-du-Rhône), Antoinette Fouque, diplômée d'études supérieures de lettres et docteur en sciences politiques, fut d'abord enseignante dès 1961, et parallèlement, à partir de 1964, critique littéraire et traductrice, notamment aux Cahiers du Sud et à La Quinzaine littéraire.

Au sein du MLF, cette ancienne étudiante de Roland Barthes, qui suivit une psychanalyse avec Jacques Lacan, fonde et anime le groupe "Psychanalyse et Politique".

Omniprésente

Dans la foulée de la création des éditions des Femmes, elle ouvre trois librairies "Des Femmes" à Paris, Lyon et Marseille, dirige Le Quotidien des femmes (1974), puis Femmes en mouvement (1978-1982), et inaugure la Bibliothèque des voix, composée de livres-cassettes.

Antoinette Fouque préside ensuite l'Alliance française de San Diego aux États-Unis (1986-1988), avant de fonder L'Alliance des femmes pour la démocratie, en 1989, dont elle sera la présidente.

Dans les années 1990, cette théoricienne du féminisme, aux positions souvent controversées, s'engage nettement sur le terrain politique.

Chargée de mission auprès de Michèle André, secrétaire d'État aux Droits des femmes en 1990, elle fonde deux ans plus tard le club Parité 2000, avant d'être élue au Parlement européen en 1994, sur la liste "Énergie radicale" du marseillais Bernard Tapie.

À Strasbourg, elle sera vice-présidente de la commission des Droits de la femme, et déléguée de l'UE à la conférence mondiale des femmes à Pékin, en 1995.

Parallèlement, elle est chargée de séminaires en sciences politiques et directrice de recherches à l'université de Paris-VIII Saint-Denis.

Commandeur de la Légion d'honneur, grand officier de l'ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des Lettres, Antoinette Fouque avait notamment publié "Il y a deux sexes" (1995, réédité en 2004). L’an passé, elle avait également assuré la direction de la publication du "Dictionnaire universel des créatrices".

Avec AFP