logo

La fronde populaire au Venezuela ne faiblit pas

Au surlendemain du placement en détention provisoire de l'opposant Leopoldo Lopez, des violences éparses continuent d'émailler les manifestations étudiantes organisées contre la vie chère et l'insécurité.

Le bras de fer entre les manifestants hostiles au président Nicolas Maduro et les forces de sécurité s’est poursuivi jeudi 20 février, dans les rues de plusieurs villes du Venezuela, barrées pour certaines par des barricades en flammes.

De nombreux habitants de la capitale frappaient sur des casseroles aux fenêtres - une manifestation de mécontentement traditionnelle en Amérique latine. Selon certains témoins, les forces de police ont lancé des gaz lacrymogènes et tiré par balles durant la nuit sur de jeunes manifestants, lesquels jetaient des cocktails Molotov et bloquaient les voies dans Caracas.

Tôt dans la matinée de jeudi, des contestataires étaient encore dans les rues mais la tension semblait être descendue d'un cran en milieu de journée.

Les protestataires, des étudiants pour la plupart, ont appelé jeudi à une marche avec des fleurs blanches en signe de protestation contre les violences qui agitent Caracas et d'autres villes du pays depuis plusieurs jours. Elles ont fait au moins cinq morts. Ils reprochent au gouvernement socialiste le fort taux de criminalité, l'inflation galopante, les pénuries et ce qu'ils qualifient de mouvement de répression.

Des "mesures spéciales"

Le climat était également tendu dans les États de Tachira et Merida, situés dans l'Ouest du pays, qui sont en pointe dans la contestation depuis que les tenants de la ligne dure de l'opposition ont appelé à manifester au début du mois.

San Cristobal, la capitale de Tachira, est qualifiée de "zone de guerre" par certains habitants : de nombreux commerces sont restés fermés et les affrontements continuaient jeudi.

Nicolas Maduro a annoncé que des "mesures spéciales" seraient prises pour rétablir l'ordre dans l'Etat de Tachira. "Nous n'allons pas les laisser en faire un Benghazi", a-t-il déclaré, en référence à la ville de Libye d'où est partie la rébellion qui a abouti à la chute de Mouammar Kadhafi.

Compte tenu de la faible couverture des événements par les télévisions du pays, de nombreux Vénézuéliens font circuler des photos et des informations - dont certaines sont fausses - via les réseaux sociaux.

"Notre cause doit être le départ de ce gouvernement"

L'atmosphère s'est dégradée depuis que Leopoldo Lopez, économiste de 42 ans, s'est constitué prisonnier, mardi 18 février, après avoir dirigé pendant trois semaines les manifestations contre le pouvoir. Détenu dans une prison militaire des environs de Caracas, il s'est vu accuser "d'incendie volontaire, d'incitation à la violence, de dommages sur des biens publics et d'association de malfaiteurs". Placé en détention provisoire, il pourrait y rester 45 jours, le temps d'organiser son procès, selon un de ses avocats.

Dans une vidéo dont il avait demandé la diffusion en cas d'arrestation, Leopoldo Lopez déclare à ses troupes: "Aujourd'hui plus que jamais, notre cause doit être le départ de ce gouvernement." Et de poursuivre : "La sortie de ce désastre, le départ de ce groupe de gens qui ont pris en otage l'avenir des Vénézuéliens est entre vos mains. Luttons!"

Son épouse, Lilian Tintori, a appelé jeudi, via Twitter, ses partisans à poursuivre le mouvement. "Le changement dépend de chacun d'entre nous. N'abandonnez pas !", a-t-elle écrit sur le site de réseau social.

De son côté, le président vénézuélien Nicolas Maduro s'en est pris à des "groupes fascistes dont le chef est derrière les barreaux". Il a assuré dans une allocution télévisée mercredi soir que l'opposition ne doit pas "jouer avec la démocratie". "Je n'accepte pas qu'ils (les opposants) défient le peuple vénézuélien et notre Constitution."

Le principal chef de file de l'opposition, Henrique Capriles, battu de justesse lors de la présidentielle de 2013, a condamné jeudi toute forme de violence, qu'elle vienne des partisans de Leopoldo Lopez, dont il n'approuve pas la stratégie radicale, ou du gouvernement.

Avec AFP et REUTERS