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Cameroun : le détenu français Atangana pourrait être libéré

Les avocats du Français Thierry Michel Atangana, emprisonné depuis 1997 pour détournement de fonds publics au Cameroun, où il travaillait sur un projet autoroutier, espèrent sa libération suite à un décret présidentiel de remise de peines.

"J'ai vu le décret, j'ai vu la signature du président de la République, à compter du moment où le décret est signé, il doit sortir dans les minutes à venir", a déclaré sur FRANCE 24 Me Eric Dupond-Moretti, l’avocat français de Thierry Michel Atangana.

Le texte signé par le président camerounais Paul Biya, publié mardi 18 février, prévoit des remises de peines collectives, dont celle de Thierry Michel Atangana.

Ce décret "ordonne une remise totale de la peine restant à purger" pour les personnes condamnées pour détournement de fonds publics et "dont la détention a été supérieure à 10 ans", a expliqué Me Dupond-Moretti. Emprisonné depuis 1997, son client remplit les conditions requises.

"Nous avons entrepris des démarches auprès du ministre de la Justice, Laurent Esso, pour sa libération. Nous avons bon espoir qu'elles aboutissent le plus vite possible, peut-être dans 48 heures", a déclaré à l’AFP l'avocat camerounais de Thierry Michel Atangana, Me Charles Tchoungang.

Les appels urgents des deux avocats s’adressent aux autorités camerounaises qui n’ont pas, pour l’instant, annoncé de date effective pour la libération de leur client.

Âgé de 48 ans, ce Français d'origine camerounaise a été condamné en 2012 à 20 ans de prison au Cameroun. Une situation ubuesque pour ses avocats qui dénoncent deux condamnations pour les mêmes faits.

Proche d'un opposant à Paul Biya

Thierry Michel Atangana avait en effet déjà été condamné une première fois avec un ancien proche du président camerounais Paul Biya, Titus Edzoa, pour le détournement de 1,1 milliard de francs CFA (1,6 million d'euros) et la tentative de détournement de 59,4 milliards de francs CFA (90 millions d'euros).

Ancien secrétaire général de la présidence camerounaise, Titus Edzoa était l'un des personnages les plus puissants du régime de Paul Biya à la fin des années 80. Il avait brusquement démissionné en avril 1997, annonçant dans la foulée sa candidature à la présidence, avant d'être arrêté quelques jours plus tard.

Présenté comme un proche de Titus Edzoa, Michel Atangana avait été envoyé au Cameroun en 1994 par son employeur pour des projets routiers. La présidence camerounaise lui avait confié la direction d'une structure de travaux publics.

Le condamné a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés et Me Dupond-Moretti estime que son procès a été "une parodie de justice". Les avocats de Thierry Michel Atangana ont déposé plainte à Paris en décembre 2013 contre trois ministres camerounais pour détention arbitraire.

En janvier 2013, le président François Hollande avait écrit au prisonnier pour l’assurer de son "attention particulière en vue d'une issue rapide". Il avait par la suite rencontré le président Biya avant de juger "inadmissible" la durée de détention de Thierry Michel Atangana.

Me Dupond-Moretti a refusé de commenter le rôle de la diplomatie française dans l’adoption du décret prévoyant la libération de son client, mais il a souligné la position récente du groupe de travail des Nations unies sur les détentions arbitraires : "Il y a une dizaine de jours, le comité de l'ONU a dit : 'C'est une détention illégale et nous demandons au Cameroun d'y mettre un terme'."

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Eric Dupond-Moretti, avocat de Michel Atangana