Les Russes auront les yeux rivés mercredi sur leur nouvelle icône, Julia Lipnitskaia. À 15 ans, elle est l'une des favorites de l'épreuve de patinage artistique. Loin de l'insouciance des filles de son âge, elle s'astreint à un rude entraînement.
Pendant une semaine, Julia Lipnitskaia est retournée chez elle à Moscou pour peaufiner sa préparation. Après sa médaille d’or remportée le dimanche 9 février dans l'épreuve par équipe avec la Russie, la jeune patineuse a voulu échapper à la pression médiatique des Jeux olympiques de Sotchi. "Ici, on ne peut même pas dormir durant la journée. Le téléphone n’arrête pas de sonner et il y a les journalistes", a-t-elle expliqué à l’agence Associated Press.
Il faut dire que sa performance lors de l’épreuve par équipes n’est pas vraiment passée inaperçue. Du haut de ses 15 ans, la jeune fille, qui a patiné sur le thème musicale de la Liste de Schindler, a ébloui les spectateurs et les juges. Malgré un visage des plus enfantins, Julia Lipnitskaia affiche une grande maturité sur la glace. "Elle est de la dynamite", a même commenté sa rivale américaine Gracie Gold, âgée de 18 ans sur la chaîne ESPN. "Elle n’a pas de colonne vertébrale, mais a des os de fer !".
La patinoire, son univers
Pour en arriver à un tel niveau, la nouvelle idole de la Russie s’est astreinte à une discipline rigoureuse depuis son plus jeune âge. Née dans l’Oural, à Ekaterinbourg, elle a commencé à s’entraîner sur la glace dès l’âge de quatre ans. Très vite, la petite fille a montré un incroyable don pour le patinage. "Elle tombait et se relevait toujours. Elle ne pleurait jamais. Elle avait déjà ce visage si sérieux quand elle était petite", a raconté sa première entraîneuse Elena Levkovets à Associated Press. Sa mère Daniela, qui l’a élevée toute seule, n’a pas hésité à mettre sa carrière entre parenthèse pour se consacrer entièrement à sa fille. Après avoir quitté son emploi, elle a réussi à convaincre le célèbre coach russe Eteri Tuberidze de prendre Julia dans son groupe à Moscou alors qu’elle n’avait que 10 ans.
Dans la capitale russe, la jeune championne a alors consacré l’essentiel de son temps à sa passion. "Je ne vais pas au lycée, j’étudie chez moi. Et c’est tout. Je vais de la maison à la patinoire. Mais je ne ressens pas de gêne. Et puis, je ne peux pas dire que je sois particulièrement sociable", a-t-elle décrit récemment au site russe sport-express. Un emploi du temps très strict qui s’est révélé payant. En l’espace de cinq ans, Julia Lipnitskaia a gravi à la vitesse de l’éclair la hiérarchie du patinage. Après avoir conquis le titre de championne du monde junior en 2012, elle est devenue, en janvier à Budapest, la plus jeune femme à remporter le titre européen.
Une petite fille comme les autres?
Ce talent si précoce lui vaut déjà l’admiration des plus grands. "Son style et sa présence sur la glace, qui n’ont rien à voir avec son âge, ont jeté un véritable sort sur tous ceux qui l’ont déjà regardée", a affirmé dans les pages de "USA Today", l’ancien champion olympique américain Scott Hamilton. "Elle a beaucoup de pression sur elle pour une fille de 15 ans, mais elle semble être forte et elle réussit à très bien le gérer", a également jugé le champion ukrainien Victor Petrenko.
Mais pour réussir à monter sur la plus haute marche du podium, Julia Lipnitskaia va devoir battre les stars de la discipline. Pour sa dernière participation aux JO, la Sud-Coréenne Kim Yu-na, championne olympique en titre, a bien l’intention de finir sur un succès. Même si elle s’est blessée récemment au pied droit, la star asiatique du patinage est toujours une redoutable concurrente. La Japonaise Maso Asada, va aussi tenter de s’offrir un podium grâce au triple axel, la plus grosse difficulté chez les dames qu’elle est l’une des rares à réaliser.
Si elle arrive à éclipser, jeudi 20 février, au cours de la finale, ses deux principales rivales dans la patinoire de Sotchi, Julia Lipnitskaia deviendrait, à 15 ans et 263 jours, la deuxième plus jeune athlète à décrocher un titre olympique. (Le record est encore détenu par l'Américaine Tara Lipinski, qui avait 15 ans et 255 jours lors de sa victoire aux JO de Nagano en 1998) Ce qui s'avèrerait être un exploit ne semble, pour l'heure, pas particulièrement la préoccuper. Sur sa page officielle, sur le site VKontakte, la version russe de Facebook, elle continue de publier des clichés de ses idoles rencontrées à Sotchi. Pour sa photo de profil, elle a simplement choisi un ourson en peluche. Même si elle est aujourd’hui adulée par tout un peuple, la patineuse est encore une petite fille.