François Hollande se rendra seul, sans Valérie Trierweiler, désormais son ex-compagne, à sa visite d’État à Washington. Un dilemme protocolaire pour l’administration de la Maison Blanche, qui a dû réorganiser une partie du programme.
La visite d’État de François Hollande aux États-Unis cause bien du souci aux responsables des festivités de la Maison Blanche. Car pendant quelques semaines, ils sont restés dans une terrible incertitude, sans savoir sur quel pied danser. Valérie Trierweiler viendra-t-elle ? Ne viendra-t-elle pas ? Les déboires du couple présidentiel français ont fait frémir plus d’un spécialiste du protocole outre-Atlantique.
Premier dilemme : faut-il réimprimer tous les cartons d’invitation qui nommaient, en lettres dorées, les invités d’honneur du dîner d’État : Valérie Trierweiler et François Hollande ? L’intendance de la Maison Blanche a été fixée fin janvier sur ce sujet, au moment de l’annonce de la séparation du couple. Au pilon donc les quelques centaines de cartons mentionnant l’ex-Première dame – "ex-First Girlfriend", ose-t-on outre-Atlantique.
Mais une autre question existentielle s’est dès lors imposée : qui doit être mentionné sur ce fameux carton d’invitation ? Doit-on n’y imprimer que le nom du président français, quitte à commettre un impair s’il venait accompagné ? Y inscrire le nom de la supposée compagne non officielle du chef de l’État, Julie Gayet ? Finalement, le président français viendra seul. L’information est devenue plus ou moins officielle le 5 février – l’Élysée et la Maison Blanche ont mis un point d’honneur à ne pas évoquer directement la question. L’arrivée du président en célibataire a eu, au moins, le bon goût de mettre un terme aux épineuses interrogations du responsable des cartons d’invitation. Ouf !
"Qui va s’asseoir à côté du président ?"
Le casse-tête de l’équipe chargée des festivités de la présidence américaine ne s’est pas arrêté là. Non. Parce qu’au-delà des cartons d’invitation, l'absence de Valérie Trierweiler a aussi des conséquences sur l’organisation globale du voyage d’État, notamment – et ce n’est pas un détail – sur le placement des invités lors du traditionnel gala. Et ce, malgré les affirmations du porte-parole de la Maison Blanche, selon lesquelles la visite d’État n’était en aucune manière modifiée par les frasques conjugales du chef de l’État français.
"Qui va s’asseoir à côté du président [Obama], là où Mme Trierweiler aurait été placée ? Est-ce que les différents divertissements prévus seront appropriés ? Doit-on danser si l’invité d’honneur à la vie romantique compliquée n’a personne avec qui danser ?", s’interroge ainsi le très sérieux "New York Times", évoquant le fastueux dîner officiel prévu le 11 février. "Ça peut tourner à la débâcle protocolaire", estime Walter Scheib, chef cuisinier de la Maison Blanche sous les présidences de Bill Clinton et George W. Bush, dans les colonnes du quotidien. "Je suis curieux de savoir si [François Hollande] invitera la Première dame [américaine] à danser. Ça fera la une de tous les tabloïds : ‘Un Français renverse la Première dame’", poursuit-il, goguenard.
Adieu le thé entre Premières dames
D’autres "ajustements" au programme classique des visites d’État ont dû être mis en place. Par exemple, au premier soir de la visite de François Hollande aux États-Unis, le dîner qui devait réunir les deux couples présidentiels de façon "informelle", a dû être annulé. Mais pas question, pour Barack Obama, de laisser son homologue français tout seul. Question de correction. Une visite à Monticello, dans la villa du très francophile troisième président des États-Unis Thomas Jefferson, a donc été organisée sur le pouce. Une visite qui a par ailleurs l’avantage de faire grimper François Hollande dans le très classieux avion présidentiel Air Force One.
Et puis le thé entre Premières dames, grande tradition des visites officielles aux États-Unis, est forcément tombé aux oubliettes. Tout comme l'habituelle visite d'école aux côtés de la Première dame américaine.
Mais que les Français soucieux du protocole se rassurent, François Hollande n’est pas le premier à se rendre seul aux États-Unis. Son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, avait annoncé trois semaines avant un déplacement (non-officiel) outre-Atlantique, que Cécilia ne l’accompagnerait pas, prenant de court George W. et Laura Bush. Ce qui n’avait pas nuit, pour autant, aux bonnes relations franco-américaines.
Autant dire que le personnel de la Maison Blanche a désormais l'habitude de s'accomoder, parfois à la dernière minute, des chefs d'États français aux vies conjugales décidemment agitées.