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Nord-Mali : des violences intercommunautaires font au moins 30 morts

Des hommes armés de la communauté peule s’en sont pris à la communauté Touareg, jeudi, après l’enlèvement la veille de l’un des leurs. Au moins 30 personnes ont été tuées, un contingent de l’armée a été dépêché sur place.

Nouvel épisode sanglant au Nord-Mali. Plusieurs dizaines de Touareg ont été tués, jeudi 6 février, près de Gao par un groupe d’hommes armés appartenant à la communauté peule. Il s’agirait d’une expédition punitive “pour se venger d’un enlèvement" survenu 24 heures plus tôt, a précisé Oumar Maïga, élu de la région de Gao.

Il a également ajouté que les faits se sont déroulés à Tamkoutat à 80 km au nord de Gao. “Certains Peuls circulaient à moto. Ils ont tué au moins 30 civils touareg.” Un chiffre confirmé un peu plus tard par Assarid Ag Imbarcaouane, ancien député de la région. "Nos parents ont été tués froidement, au moins 30 sont morts", a-t-il déclaré.

D’après une source des services maliens de sécurité jointe dans le Nord depuis Bamako, les Touareg tués revenaient d'un marché à bord de deux véhicules lorsqu”ils ont "été arrêtés par les Peuls armés [...] Un des véhicules a été brûlé". Une femme et un enfant figurent parmi les personnes tuées. "Quelques blessés" ont survécu, a ajouté cette source.

L’armée en renfort sur place

Le ministère malien de la Défense a indiqué qu’un détachement de l'armée malienne était arrivé sur place, dès vendredi, pour renforcer la sécurité des populations. Régulièrement, les Touareg et les Peuls s’accusent mutuellement de vols de bétails ou encore d'organiser des braquages dans les communes reculées du Nord.

Déjà tendues depuis des années, les relations entre les Touareg minoritaires du nord du Mali et d'autres communautés de la région comme les Peuls et les Songhaïs, se sont fortement dégradées depuis le lancement début 2012 d'une rébellion touareg, en alliance avec des groupes djihadistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

C’est cette rébellion qui a abouti à l'occupation du Nord pendant neuf mois par les groupes djihadistes. Ils y ont commis de nombreuses exactions au nom d'une application stricte de la charia - la loi islamique - marquée notamment par des lapidations et des amputations en public, ainsi que par la destruction de mausolées de saints musulmans et de milliers de manuscrits à Tombouctou (nord-ouest).

En janvier 2013, l’opération Serval initiée par la France a permis de mettre fin à cette occupation. Cependant, des éléments djihadistes continuent d'y sévir à intervalles réguliers. Touareg et Arabes du nord du Mali sont souvent assimilés par les autres communautés aux rebelles et aux islamistes armés, exacerbant ainsi les tensions.

Avec AFP