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Les Thaïlandais ont voté dimanche lors du premier tour d'élections législatives à haut risque, perturbées par l'opposition qui a boycotté le scrutin. La veille, des heurts entre pro et anti-gouvernement ont fait sept blessés à Bangkok.

Les élections législatives de dimanche 2 février en Thaïlande ont été placées sous haute sécurité. Comme prévu, les bureaux de vote ont fermé dimanche à 15 heures (08H00 GMT).

L'opposition a boycotté les urnes et les élections se sont déroulées dans un climat lourd : samedi, à la veille du scrutin, sept personnes ont été blessées par des coups de feu et des explosions lors d'affrontements entre opposants et partisans de la Première ministre, Yingluck Shinawatra, dans un quartier du nord de Bangkok, où le scrutin a été annulé.

Des bureaux de vote fermés ou inaccessibles

"Des milliers d'habitants de Bangkok n'ont pas pu voter ce dimanche", explique Cyril Payen, correspondant de FRANCE 24 à Bangkok. "Soit parce que les bureaux étaient fermés, soit parce que des manifestants bloquaient l'accès aux bureaux de vote".

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Des milliers d'habitants de Bangkok n'ont pas pu voter dimanche
Élections législatives sous haute sécurité en Thaïlande

Dans le sud du pays, un attentat à la bombe a tué trois soldats et un responsable de l'organisation des élections. Mais la police a affirmé que l'attaque, imputée à des rebelles musulmans, n'avait aucun lien avec la crise politique.

Les autorités ont annoncé que 130 000 membres des forces de l'ordre ont été déployés à travers le pays, 12 000 à Bangkok pour assurer la sécurité du scrutin.

À l'ouverture des bureaux de vote, à 8 heures (01h00 GMT), les forces de l'ordre étaient cependant peu visibles dans le district de Sathorn, dans le centre de la capitale.

Le week-end dernier, les contestataires avaient réussi à perturber très largement le vote anticipé : à Bangkok, les bureaux de vote étaient restés fermés dans 49 des 50 districts de la capitale.

Un quorum impossible

Ce dimanche, il n'y a pas eu de scrutin dans 28 circonscriptions du sud du pays, où aucune candidature n'a pu être enregistrée à temps en raison de blocus mis en place par les contestataires. Des élections partielles devront être reprogrammées, mais le processus pourrait durer des mois.

De ce fait, il sera impossible que le Parlement élu dispose du quorum nécessaire à l'investiture d'un Premier ministre - fixé à 95 % au moins des 500 députés.Yingluck  Shinawatra devrait dès lors être reconduite à la tête d'un gouvernement chargé d'expédier les affaires courantes.

Mais, estime Thitinan Pongsudhirak, spécialiste de la politique thaïlandaise à l'Université Chulalongkorn de Bangkok, "elle apparaîtra alors de plus en plus faible, à la tête d'un gouvernement intérimaire à l'autorité déclinante, plus vulnérable aussi aux accusations portées contre elle tandis que les blocus dans Bangkok deviendront insupportables".

Un déluge de plaintes

La commission électorale, qui a annoncé qu'aucun résultat ne serait annoncé ce dimanche, s'attend en outre à un déluge de plaintes, de contestations et de recours. Le risque existe que les élections soient purement et simplement annulées, comme ce fut le cas en 2006.

L'opposition estime qu'il lui est impossible de remporter des élections sans une profonde réforme préalable du système politique qui, affirment ses chefs de file, assure la victoire du Puea Thai, le parti de Yingluck et de son frère, Thaksin Shinawatra, en exil après avoir été déposé par l'armée en septembre 2006.

Le "système Thaksin" qu'ils dénoncent mêlent corruption et népotisme. Pour y mettre fin, ils proposent la mise en place d'un "conseil du peuple" qui serait chargé de réformer le pays.

La crise politique révèle aussi les déchirures internes de la société thaïlandaise : les classes ouvrières et rurales du nord et du nord-est soutiennent largement le camp Thaksin, quand ses opposants recrutent essentiellement leurs soutiens dans les classes moyennes urbanisées et les élites.

Avec Reuters