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En Polynésie, la milice d’un monarque autoproclamé ouvre le feu sur la police

La milice d’Athanase Teiri, roi autoproclamé de la République Pakumotu, en Polynésie française, a tiré sur les forces de l’ordre, mercredi. Ces dernières venaient interpeller le monarque, qui ne répondait plus aux convocations de la police.

La milice d’Athanase Teiri, roi autoproclamé de la République Pakumotu, a ouvert le feu, mercredi 29 janvier, sur les forces de l’ordre, a annoncé le Parquet de Papeete, en Polynésie française. La police s’était rendue au domicile du monarque, à la tête d’un régime sans existence légale, pour procéder à son interpellation.

Les forces de l'ordre ont été reçues par la milice du roi, équipée de trois armes à feu : un pistolet Ruger 22 long rifle avec lequel ils ont ouvert le feu, un fusil Remington qui s'est enrayé, alors qu'un agent polynésien était mis en joue, et un fusil artisanal. Les policiers ont affirmé que les projectiles de ces armes étaient en mesure de traverser leurs gilets pare-balles.

Au total, cinq personnes ont été appréhendées et placées en garde à vue, parmi lesquelles le fantasque monarque. Elles ont été incarcérées pour tentative d'homicide sur un agent de la force publique, violence avec arme, rébellion en groupe armé, port d'arme prohibée et participation à une milice armée.

Une couronne de galette des rois

Aucun agent n’a été touché par les balles tirées par les miliciens mais deux d’entre eux ont subi de légères blessures au cours de l’interpellation des "gardes corpulents qui étaient dans un lieu confiné", selon l’un des policiers. Il a affirmé que les hommes de main du roi "n'ont pas été perturbés" par les tirs de flashball qu'ils ont essuyés.

"C'est la première fois que ça arrive, ça fera date dans l'histoire de la délinquance en Polynésie, avec un réel verrou qui a sauté : l'usage des armes à feu contre les policiers", a regretté Luc Roattino, représentant en Polynésie du syndicat des cadres de la sécurité intérieure, contacté par l’AFP.

Depuis cinq ans, la République Pakumotu, qui compte une centaine de personnes, défraie la chronique. Cette monarchie refuse de reconnaître les autorités officielles de la Polynésie française. Son roi, Athanase Teiri, porte une couronne de galette des rois, un collier de coquillages et un sceptre en bois. Il est soutenu par un gouvernement d’une douzaine de ministres, avec lesquels il a menacé d'arrestation ou d'expulsion les principales personnalités de la collectivité, réquisitionné des terres avant d'en être expulsé, et même créé une monnaie, le Patu.

Cette devise, qui avait été mise en circulation peu avant celle des nouveaux billets en francs Pacifique, avait créé la confusion. Teiri avait d’ailleurs été condamné, mardi 22 janvier, à six mois de prison ferme pour mise en circulation de signes monétaires non autorisés par le tribunal correctionnel de Papeete.

Il n’avait pas été placé sous mandat de dépôt et s’était retranché dans son domicile sous la protection de ses gardes. D’où son interpellation, mercredi. Les cinq hommes arrêtés doivent être déférés, vendredi 1er février, devant le juge d’instruction.

Avec AFP